Le Chosen Few MC, abrégé en CFMC, est le premier club mixte anti-raciste à voir le jour. Créé par des Afro-américains, il fait partie des motards criminels 1 %. Ce club, qui ne comporte pas beaucoup de chapitres, réussi quand même à faire parler de lui, surtout auprès de la Justice. Créé sur des valeurs d’ouverture et d’acceptation, ce moto club américain rallie de nombreux adeptes désirant rider sur leur bécane en toute liberté. Son nom est malheureusement repris par des motards aux convictions moins louables.
Sommaire
Origines du Chosen Few MC
Le Chosen Few MC est créé à Los Angeles, aux États-Unis, en 1959. Premier club criminel constitué d’hommes noirs, il est d’abord fondé par amour de la moto et de la route. Néanmoins, la création du club n’est pas innocente. Les fondateurs veulent à tout prix être un MC 1 %.
La création du CFMC
Ce club né d’une envie folle de rider entre potes. Le Chosen Few est en effet fondé par Lionel Ricks, Shirly Bates, Lil Frank, Roger, Slim, Champ et Hawk, une bande d’amis fans de moto. Ils sont tous Afro-américains et souhaitent fonder un club à leur image. La plupart des MC qu’ils connaissent accueillent principalement des Américains blancs, ils ne s’y sentent pas à leur place. C’est ainsi l’occasion de se lancer dans la course des motorcycle clubs pour tenter d’émerger.
Le choix du nom
Chosen Few ne vient pas naturellement aux membres fondateurs. Ils avaient tout d’abord pensé à « The Patriots of Iron & Steel », Les Patriotes du Fer et de l’Acier, en français. Ici, on retrouve l’idée d’une certaine fierté américaine combinée à l’adoration des motos. Ce nom montrait surtout un désir de dominer les routes et de bousculer les codes des MC.
C’est finalement « Chosen Few » qui est décidé, signifiant « peu de choisis », qu’on peut aussi interpréter comme « peu d’élus ». Les membres se considèrent ainsi comme des privilégiés, faisant partie d’un gang unique. Ce nom aurait pu présager des règles très strictes d’intégration, la seule condition est d’être un club mixte.
Une volonté d’être des 1 %
Dès le début, les Chosen Few sont très clairs : ils souhaitent revendiquer leur côté hors la loi. S’ils créent un MC, c’est avant pour gagner leur patch 1 %, celui qui désigne les motards criminels. Leurs méfaits vont être très nombreux, ayant même des répercutions jusqu’à nos frontières.
Les Spécificités du Club
Premier MC interracial, le Chosen Few prend une place importante dans l’histoire des Afro-américains. Avant d’être des criminels, ses membres sont de fervents défenseurs de leur liberté d’exister en tant qu’hommes à la peau noire. De nombreux motards vont finir par se reconnaître dans leurs valeurs et quelques membres obtiennent même une renommée mondiale.
Chosen Few : un moto club mixte
Comme nous le disions, ce club est le premier à être créé par des noirs. En réalité, à cette époque, la totalité des MC ont été créés par des blancs et très peu de personnes racisées en font partie. L’étau se resserre lorsqu’on parle des clubs 1 %. En effet, ceux-ci sont exclusivement composés d’hommes blancs. En arrivant dans la compétition, les Chosen Few apportent la diversité. Cependant, leur but n’est pas de créer un groupe communautaire. Ainsi, dès 1960, White Boy Art, ou White Boy Tom, est le premier membre blanc à rejoindre le CFMC.
Le MC devient alors un club interracial, acceptant toutes les nationalités et toutes les origines, à l’instar du Satudarah MC aux Pays-Bas. C’est une première aux USA, un pays encore en pleine ségrégation raciale. Toutes les couleurs sont acceptées au sein du gang et les fondateurs tiennent à ce que cette règle soit respectée. Quelques chapitres tentent de se fonder uniquement entre hommes blancs, mais les créateurs originels font pression pour que cela ne soit pas possible. Ils en arrivent même à faire de la propagande en publiant des photos de leurs groupes mixtes dans des magazines de bikers.
Des clubs hors la loi reprenant leur nom
Les Chosen Few ne s’étendent pas beaucoup, principalement parce qu’ils refusent que des clubs non mixtes portent leurs couleurs. Hélas, le monde de la moto est plutôt blanc et certains bikers ne tardent pas à créer leur propre club sous le même nom. Comme il s’agit principalement de clubs étrangers, les CFMC originels n’ont pas l’occasion de les interdire, comme ils avaient pu le faire pour les clubs américains. Ces groupes sont européens et utilisent un autre logo et différentes couleurs. Ils sont notamment basés en France, en Belgique, en Suisse, en Italie et en Allemagne.
Les Chosen Few au cinéma ?!
Cliff Vaughs, membre du CFMC, aura son rôle à jouer dans le film Easy Rider, de Dennis Hopper, sorti en 1969. C’est Cliff qui design la moto de Wyatt, interprété par Peter Fonda, et celle de Billy, joué par Hopper lui-même. En raison d’un différend juridique, son nom n’apparaît malheureusement pas au générique, privant le MC de son heure de gloire hollywoodienne.
Les Couleurs et le Code D’honneur des Chosen Few MC
La couleur rouge des Chosen Few originels a une forte signification et leur logo fait presque froid dans le dos. Là encore, tout est fait pour s’affirmer en tant que membres 1 %. Hors de question de faire partie des 99 % de bikers se considérant comme de bons citoyens ! Cette volonté d’être hors la loi se retrouve directement dans leur couleur et leur logo.
Les devises des CFMC
Ce MC affiche 1 slogan et 3 devises, utilisés selon les événements et les rassemblements. Leur slogan principal, relié à leur anti-racisme, est « En noir et blanc, on a vraiment de la force ». Leurs devises sont plus profondes :
– « Many Are Called. Few Are Chosen »,
– « It’s Not About the size of the Few in the Fight, It’s About The Size Of The Fight in The Few »,
– « Take None, Give None ».
La première se traduit par « Beaucoup d’appelés, peu d’élus », faisant directement référence à leur nom originel. Le deuxième signifie « Ce n’est pas question de taille des élus dans le combat, mais de taille du combat dans les élus », qu’on peut interpréter comme une ode à leur anti-racisme : ce n’est pas le nombre de membres dans la lutte qui compte, mais la force des convictions de chaque membre qui importe. La dernière veut dire « Ne prends rien, ne donne rien ».
Les logos du Chosen Few
Le logo original des Chosen Few est sous forme ovale. En son centre, une croix formée de 2 os blancs, 2 motards de chaque côté, reliés à la cime de l’os vertical par une chaîne. Le nom du MC est écrit en arc de cercle au-dessus. À gauche de l’os horizontal, l’abréviation « L.A » (pour Los Angeles), à droite, « CAL. » (pour Californie). En dessous, les lettres M et C, séparées par un point. Tous ces symboles sont incrustés sur un fond rouge qui représente, selon les membres, une mer de sang. On retrouve encore une fois cette volonté du crime. Le sang et les os annoncent les envies criminelles et le potentiel danger de ce MC.
Il existe un deuxième logo du Chosen Few. Il s’agit de la version créée par les clubs ayant vu le jour en Europe. Cette identité visuelle va à l’encontre des convictions des Chosen Few originels, car il comporte le drapeau des États américains confédérés. Celui-ci représente les 13 états ayant fait sécession après l’élection d’Abraham Lincoln en 1860, qui souhaitait alors abolir l’esclavage. Ce drapeau est souvent brandi lors des manifestations de suprémacistes blancs.
Sur ce logo, le drapeau est partiellement caché par une tête de mort recouverte d’une capuche, rappelant la vision que l’imaginaire collectif se fait de la Mort. Les lettres MC sont écrites à droite du crâne, dans le drapeau. En haut, une bannière bleu ciel affiche « Chosen Few » en écriture blanche. En bas, la même bannière, avec le nom du pays.
Les différentes couleurs du moto club
Les couleurs des Chosen Few anti-racistes se basent sur celles de leur logo. Le rouge sang est prédominant. La plupart des membres portent ainsi des sweats à capuche rouges et des casquettes rouges et noires. Les clubs européens délaissent le rouge au profit du bleu ciel et du noir. La plupart des membres portent des pulls, gilet cuir biker ou des sweats noirs avec le logo à tête de mort.
Accusations Criminelles et Justice
Indubitable membre des 1 %, le Chosen Few américain se démarque par de nombreux faits de criminalité. Un chapitre formé en 2010 a d’ailleurs été entièrement arrêté par la police. Voulant sûrement rendre hommage à leurs prédécesseurs, déjà menottés par les autorités, en 1996. Même lorsqu’ils se rassemblent lors de courses ou de concerts, les événements terminent souvent en bagarres et en altercations.
Une pelleteuse pour arrêter les Chosen Few ?!
En 1996, la police monte une Unité d’intervention d’urgence dans le but de forcer l’entrée du QG principal des Chosen Few, au sud de Broadway. Le MC étant déjà impliqué dans de nombreuses affaires de violences criminelles, les forces de l’ordre souhaitent les arrêter pour mettre fin, une bonne fois pour toutes, à ces violences. Afin de forcer l’ouverture et de surprendre le club, les policiers empruntent une pelleteuse pour défoncer la porte. D’autres membres de l’unité s’arment d’échelles pour grimper à l’arrière du bâtiment.
La pelleteuse ne suffit pas ! L’intérieur est blindé et truffé de chiens de garde. Les forces de l’ordre sont obligées d’utiliser des meuleuses pour forcer les entrées et enfin mettre la main sur les Chosen Few. Des dizaines de membres sont arrêtés et écroués. La police perquisitionne des couteaux, des épées, des mitrailleurs, plusieurs kilos de drogue et près de 140 000 dollars.
2010 : une opération pour mettre fin au trafic
Au début de l’année 2010, le Chosen Few est impliqué dans 3 fusillades et 1 homicide. C’est assez pour permettre à la police de faire une nouvelle descente, afin d’arrêter les bikers. Patrick Gannon, un chef adjoint de la LAPD (la police de Los Angeles) déclare un acte de guerre au MC avec son célèbre : « Nous vous ferons taire et vous garderons à terre ».
La LAPD arrête une dizaine de membres qui sont rapidement accusés de faits graves. Trafic d’armes et de drogues, vols et recels de véhicules en tous genres, création de faux papiers, crimes en bande organisée et fusillades entre gangs, la liste de leurs méfaits est longue. Le bureau du procureur de la ville inculpe 9 membres et démantèle un chapitre entier.
Le changement de nom du CFMC aux USA
Certains membres du MC souhaitaient conserver cette image anti-raciale et s’éloigner de ces crimes. C’est donc à plusieurs reprises que des membres ou certains chapitres se sentent obligés de changer de nom de club. Par exemple, en 1994, certains bikers préfèrent se nommer les « The Family ». D’autres noms sont inventés pour remplacer l’original, ce qui pousse les membres à déposer « Chosen Few » au Bureau des sociétés, en 1996.
Conclusion : Chosen Few, une belle idéologie entachée
Les faits de justice des Chosen Few européens arrivent jusqu’à Lille, en France, où une opération de police tombe sur 24 membres en possession de drogues, d’armes, de reliques nazis et de grosses sommes d’argent. On peut ainsi déplorer qu’un club à l’origine anti-raciste ait vu son nom dérobé par des bikers anti-noir, à la limite de la suprématie blanche. Ces clubs continuent d’exister en Europe, notamment en Belgique.
Un livre racontant l’histoire des Chosen Few originels est publié en 2015 sous le titre « The Chosen Few : A 40-Year Look at an Outlaw Motorcycle Club » (Regard sur 40 ans d’un club de motards hors-la-loi). Il retrace son parcours, ses convictions et la vie de ses membres.