Le Boozefighter MC est un célèbre club de bikers comptant aujourd’hui plus de 250 chapitres à travers le monde. Faisant partie des moto clubs à l’origine du contesté patch diamant « 1 % », les
Boozefighter n’ont de cesse de fasciner et d’accueillir de nouveaux membres. Découvrons les origines de ce fameux club de moto américain représenté par une bouteille de Cognac et son histoire à travers les époques.
Sommaire
Origines du MC Boozefighter
Le Boozefighter Motorcycle Club (BFMC) a été fondé en 1946 à Los Angeles, en Californie, par Willie Forkner, surnomé Wino. Les membres pionniers du MC sont, entre autres, J.D alias John
Cameron, Fatboy Nelson, Crocker King alias Jack Lilly et Herkermer George Menker, des anciens combattants de l’US Army de la Seconde Guerre mondiale. Walt Porter, qui ne sera jamais membre du club, est à l’origine du nom original « Boozefighter ».
Les bikers membres du club
Un soir du début de l’année 1946, Wino et d’autres anciens combattants se réunissent, comme à leur habitude, au « All American Café ». Exclu récemment du 13 Rebels MC pour avoir forcé
l’accès de « El Cajon Race » organisée par l’AMA (American Motorcycle Association), Willie Forkner a dans l’idée de créer son propre club de moto, avec ses propres lois. J.D, Fatboy, Crocker King, Herkermer et les autres se réunissent chaque week-end au comptoir pour trouver le nom de leur tout nouveau club.
La création du nom des Boozefighter
Entre discussions et débats acharnés pour trouver un nom qui plaira à tous les membres, les motards éméchés commencent à se disputer autour de quelques canettes de bières. C’est alors que Walt Porter, un autre client habitué du All American Café, se moque de cette bande de bikers et leur lance une phrase restée dans l’histoire du club « Boo… Boo… Boozefighters…
Tel est le nom que vous devriez adopter, étant donné que la seule chose que vous sachiez vraiment faire…
C’est de venir ici et de tomber des bouteilles d’alcool ! ». Alcool se traduisant par « booze » en anglais argotique.
Ce nom n’est d’abord pas très apprécié des membres du MC qui débutent leur activité de façon peu formelle. Pourtant, lors d’un rassemblement de différents clubs, un des piliers du nouveau
groupe se retrouve à porter secours à un motard alcoolisé venant de tomber de sa machine.
Celui-ci, complètement ivre, demande le nom du club de son sauveur. En manque d’inspiration, il lui répond qu’il est membre des Boozefighter de Los Angeles. Le nom est scellé, il devient alors officiel.
Des chapitres dans le monde entier
Depuis, des chapitres se sont créés partout aux États-Unis et à l’étranger, notamment au Japon, en Corée du Sud, au Canada, en Italie, aux Philippines, en Belgique et en Allemagne. La France
est pionnière du tout premier chapitre européen, le 47, créé sur notre territoire en 2006. Aujourd’hui, plus de 250 chapitres de Boozefighter sillonnent les routes du monde entier.
Les spécificités du club
Chaque moto club possède ses propres lois à respecter et ses valeurs. Les Boozefighter ne dérogent pas à la règle. Ils doivent savoir conduire un certain type de moto et suivre un processus strict, afin de devenir membre à part entière.
La moto : une importance capitale pour rejoindre les Boozefighter
Tout membre désirant rejoindre le MC doit posséder une moto américaine ou provenant d’un pays allié, s’opposant aux forces de l’Axe, durant la Seconde Guerre mondiale. Afin de pouvoir porter la veste affichant le patch vert des BFMC, il faut ainsi rouler sur une bécane de marque US, chinoise, française, anglaise, etc. N’espérez pas intégrer les Boozefighter en chevauchant une moto japonaise, allemande ou italienne, vous iriez à l’encontre même de leur Code d’Honneur et de leur idée fondatrice.
Le processus de recrutement des prospects
Les bikers des Boozefighter respectent une hiérarchie bien précise. Le terme prospect désigne les nouveaux motards souhaitant intégrer le club. S
i le processus se déroule comme prévu, ils passent au rang de « full patch ». Nous reviendrons plus tard sur les spécificités d’un membre full patch et notamment sur sa matérialisation visuelle.
Peu de temps après la création, des lois sont éditées à propos du processus de recrutement des nouveaux membres.
Regroupés sous l’appellation « By Law », ces termes définissent les conditions pour rejoindre les BFMC dans l’intention de créer une véritable fraternité motarde. La règle numéro 1 du By Law stipule que pour être accepté dans un chapitre du MC il faut assister à 4 réunions consécutives. Son acceptation doit ensuite être soumise à un vote à bulletin secret des membres présents. Si au moins 3 membres s’opposent à cette intégration, le prospect est renvoyé.
Avant de pouvoir assister à ces 4 réunions, le futur membre doit obtenir le parrainage d’un biker full patch du club. En tant que filleul, il a ainsi le droit de participer aux soirées et aux événements
organisés par le club et devient un « hangaround », qu’on pourrait traduire par « traîner dans les parages ».
Si le motard hangaround réussit à se faire une place lors des événements, à montrer
ses prouesses de conduite et son respect du Code d’Honneur, il est intégré en tant que prospect.
On lui remet alors le patch rocker inférieur qu’il peut porter au dos de sa veste. Pour devenir full patch et obtenir le rocker haut, le rocker central (la fameuse bouteille verte) et le patch carré MC, il doit alors se soumettre à la règle numéro 1 du By Law.
Les couleurs et le Code d’Honneur des Boozefighter MC
L’histoire des couleurs du MC tient une place particulière dans le développement du club. Le logo est d’une grande importance pour les clubs de moto en général, celui des BFMC est choisi avec
attention. Un Code d’Honneur ainsi que des règles strictes sont éditées, afin d’instaurer un cadre aux membres.
La couleur et le design du logo
Après la création des 3 premiers chapitres à Los Angeles, San Francisco et San Pedro, l’envie de trouver un logo se fait ressentir par les premiers membres. Là encore, l’idée provient de Wino. Un
soir de réunion au « Big A » ce dernier propose une tenue spécifique. Il évoque l’idée d’une veste verte dont la manche gauche serait brodée d’une bouteille de Cognac, un rappel de leur nom.
Cette bouteille contiendrait 3 étoiles, semblables à celles qu’on trouvait sur le goulot de la meilleure marque de Cognac français.
Les membres refusent la veste verte, sûrement trop
voyante pour les anciens GI’s, mais adoptent avec fierté la « Three Star Bottle » (la bouteille à 3 étoiles) qui devient le logo officiel.
Même s’ils boudent la veste verte de Wino, celle-ci est aujourd’hui conservée dans un musée de Milwaukee, les Boozefighter et les Boozettes (membres féminines) arborent tout de même des
jerseys et des sweats blanc et vert présentant le logo. Chaque membre porte ainsi les couleurs du MC sur le torse, en plus des patchs sur le dos de leur veste.
Les patchs de motards ont une signification bien particulière. La veste d’un biker appartenant à un club se compose généralement d’un rocker haut (en arc de cercle) portant le nom du club et d’un
rocker bas désignant le pays, la ville, la région ou le territoire du club du membre.
Chez les BFMC, la mention « EST – 1946 » est présente sur le rocker bas. Entre les deux, se trouve le logo du club, ici, la bouteille aux 3 étoiles et le patch carré MC. En face (ou parfois dans le dos de la veste), les Boozefighter portent le numéro de leur chapitre. Ils affichent également leur rang au sein du MC à l’avant. Enfin, un side rocker peut être appliqué au bas face de la veste pour préciser le nom du chapitre d’appartenance.
Les autres couleurs
Très vite interdits de course par l’AMA, les bikers des Boozefighter doivent trouver des subterfuges pour participer aux compétitions qui leur font envie. C’est ainsi qu’afin de pouvoir rouler lors de ces fameuses courses et de quelques Gipsy tours, les membres enfilent des vestes jaunes du Yellow Jackets MC.
Ce club sud californien tient aussi ses origines d’anciens GI’s de la Seconde Guerre
mondiale. Ils sont ainsi considérés comme un club jumeau des BFCM. Les Yellow Jackets prêtent volontiers leurs vestes pour voir les Boozefighter rider à leurs côtés.
Le Code d’Honneur des BFMC
À chaque moto club son Code d’Honneur. Celui des Boozefighter est partiellement édicté dans le By Law.
La règle numéro 5 stipule par exemple qu’en cas d’absences non justifiées à répétition aux activités du MC, le membre sera automatiquement exclu.
Une exclusion, selon la règle 9, vaut d’ailleurs obligation de retirer les patchs de sa veste ou de la vendre au club. Des sanctions à hauteur de 1 dollar sont aussi prévues en cas :
– d’absence lors de réunions,
– d’oubli de port de chandail vert et blanc lors des courses et des rassemblements de motards,
– de propos diffamatoires ou haineux portés à l’encontre des Boozefighter.
L’honneur revêt une grande importance et un membre du MC doit fidélité et respect aux autres full patch, prospects et hangarounds du club. L’alcool étant l’origine de leur nom, il est tout de même interdit d’amener plus d’une caisse ou d’un fût d’alcool lors des réunions.
Accusations Criminelles et Justice
Les Boozefighter sont à l’origine de la création du patch diamant 1 %, classant certains clubs au rang des bikers criminalisés. En effet, ceux-ci ont enfreint la loi et souvent fini derrière les
barreaux. Les Boozefighter se refusent pourtant à porter ce patch.
Les événements de Hollister
Hollister, Californie, 4 juillet 1947. Près de 4 000 bikers se réunissent pour un Gipsy tour organisé par l’AMA. C’est lors de cette course que les 3 premiers chapitres BFMC ont l’idée d’enfiler les
couleurs des Yellow Jackets. Des courses sauvages sont alors organisées, notamment par les Boozefighter déguisés, en marge du rassemblement, dans les rues de la ville.
Jim Cameron et Red dog se font particulièrement remarquer. Le premier accoude sa moto au bar d’un saloonlorsque le second urine sur la voie publique. Celui-ci sera arrêté par les forces de l’ordre en place
et envoyé en prison, déjà remplie de bikers troubles-fête.
Il faudra deux jours aux policiers de Hollister pour virer les motards et rendre à la ville sa liberté et sa sûreté. Cet événement aurait pu en rester là, mais c’était sans compter sur les médias puritains qui en font la une du San Francisco Chronicle et du Life Magazine, à la mi-juillet.
L’AMA, interrogée par les journalistes, aurait affirmé que 99 % des membres de MC sont de bons
citoyens américains. Le mythe des 1 % de bikers criminels est alors lancé. Ces évènements inspirent Frank Rooney dans l’écriture d’une nouvelle qui sera portée sur grand écran par László Benedek dans le film The Wild One.
Boozefighter, un club qui suit la loi
Bien qu’ils aient échangé leurs vestes afin de participer au Gipsy tour de Hollister et que certains des membres aient été mis en prison lors de l’évènement, les Boozefighter refusent le titre de 1%. Certains de leurs membres ont connu quelques séjours derrière les barreaux, notamment Reddog qui obtient le surnom de « Jailbreak » signifiant évasion.
Pourtant, les BFMC ne souhaitent pas être reconnus comme bikers criminels. Les Hells Angels MC sont un des motos clubs les plus célèbres des 1 %. À la différence des Boozefighter, de nombreux membres sont inculpés et incarcérés pour vol de motos, extorsion en bande organisée, détention d’armes et de stupéfiants, menace de mort et meurtres.
Un credo qui ne correspond pas aux BFMC. Robert Patrick, acteur américain membre du chapitre 101, dira d’ailleurs du Boozefighter MC qu’il s’agit d’« une organisation à but non lucratif qui amasse des fonds pour aider les vétérans, les enfants et les pauvres ».
Conclusion : les Boozefighter aujourd’hui
Malgré une histoire forte à la limite des dérives, le MC perdure encore aujourd’hui. Ses 250 chapitres à travers le monde prouvent une volonté de cohésion et un véritable esprit de famille au sein des motards. Plus que des bikers, les Boozefighter du monde entier se reconnaissent dans des valeurs fortes, à l’origine de la création du club et toujours d’actualité.
Le moto club est invité à de nombreuses courses internationales et les membres y sont très fiers de porter leurs patchs. Il est encore possible de rejoindre le club, en suivant le processus de parrainage, et d’acheter des produits affichant la Three Star Bottle.