Le Satudarah MC, également nommé Satudarah Maluku, est le plus grand et le plus important moto club d’origine hollandaise, avec ses 44 chapitres aux Pays-Bas. Datant des années 90, son histoire n’en est pas moins riche que celles de clubs plus anciens. Les bikers Satudarah ont des origines très particulières et font notamment partie du contesté cercle des motards 1 %. Leur couleur jaune et leur patch indien caractéristique sont le reflet d’une histoire forte et de leurs convictions. Partons à la découverte de ce MC, ayant osé défier le Hells Angels MC.
Le Satudarah MC voit le jour en 1990, à Moordrecht, dans le sud des des Pays-Bas. Le club est imprégné au départ d’une culture indonésienne, dans laquelle il trouve ses origines.
Sommaire
Des membres pionniers originaires des Moluques
Les créateurs du Satudarah MC, ou Satudarah Maluku MC, sont des immigrés ou fils d’immigrés provenant d’une colonie néerlandaise aujourd’hui rendue à l’Indonésie : l’archipel des Moluques, Maluku en indonésien. Colonisée dès 1602 par les Pays-Bas, l’Indonésie garde une marque forte de cette période historique.
En 1798, de nombreux moluquois quittent l’archipel pour s’engager dans l’armée néerlandaise, après la chute de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Un siècle et demi plus tard, dans les années 1950, les Moluques souhaitent créer une république autonome. Celle-ci est fortement contestée par l’Indonésie et des familles entières décident de fuir aux Pays-Bas. Ces migrations forment ainsi une communauté moluquoise néerlandaise importante.
Le nom du MC
D’origine maluku, les membres de ce nouveau club décident d’utiliser leur langue, afin de nommer leur groupe. Il leur faut une identité puissante, l’expression « satu darah » est ainsi choisie. Cette expression se traduit par « one blood » en anglais et peut donner différentes significations en français, comme « un seul sang » ou « du même sang ». En choisissant ce nom, le MC marque son appartenance à une communauté forte, unie par son histoire coloniale et toujours enracinée dans ses origines moluquoises. Ce nom prouve également le désir de créer une communauté soudée de motards. Ce club se veut ouvert à tous, avec un esprit de gang dans lequel les membres sont tous frères.
Les spécificités du club
Ce moto club tient une place particulière aux Pays-Bas et plus particulièrement en Hollande. Il s’accoquine rapidement avec les chapitres hollandais de MC beaucoup plus anciens et mondialement connus. Malgré leur pays de naissance, les Satudarah arrivent à s’exporter à travers le monde, de manière toutefois un peu tardive.
Le Satudarah est un club de moto plutôt ouvert, dénotant des clubs plus connus qui exigent souvent des règles strictes d’intégration. De nombreux clubs 1 % demandent par exemple à ce que leurs membres soient uniquement blancs, ce qui n’est pas le cas des Maluku.
Une présence forte en Hollande qui s’exporte
Le Satudarah MC devient rapidement le club numéro 1 aux Pays-Bas. Bien que son arrivée dans l’histoire des moto clubs soit tardive, il devance les chapitres néerlandais des autres MC. Pourtant, le Hells Angels MC a déjà créé son 1er chapitre hollandais, en 1978, à Amsterdam. Cela n’empêche pas aux Satudarah de créer 44 chapitres, dont la grande majorité en Hollande. À titre de comparaison, les Hells Angels possèdent 16 chapitres aux Pays-Bas.
À partir de 2012, les Satudarah s’exportent dans le monde entier. Évidemment, des chapitres se créent en Indonésie, mais aussi en Malaisie, en Thaïlande, au Surinam et à Singapour. En Europe, les Maluku débarquent, entre autres, en Belgique, en France, en Espagne, au Danemark et en Allemagne. Des clubs voient également le jour dans des îles hollandaises situées dans les Caraïbes.
Les Satudarah : un club de moto très ouvert
À sa création en 1990, le Satudarah compte principalement des Hollandais originaires des Moluques. Très vite, ils décident d’accepter au sein du MC des motards de toutes les origines. Le moto club compte alors principalement des Amboinais (de l’île d’Ambon sur l’archipel des Moluques), des Surinamais (le Suriname ayant aussi appartenu aux Pays-Bas) et des Néerlandais. Plus tard, ils accueillent des Marocains, des Allemands et des Norvégiens.
Dans la même idée et contrairement à de nombreux MC, les Satudarah acceptent toutes les marques de moto. Ce nouveau club des années 90 se veut alors ouvert à tous, peu importe les origines et les moyens des prospects. Le seul prérequis est d’aimer l’esprit biker et d’avoir envie d’appartenir à un club de motards à fortes ambitions.
Les Satudarah dans le Comité des 8
Le Comité des 8 était un rassemblement de MC 1 % crée 1996, en Hollande, et se composait des clubs suivants :
– Hells Angels MC,
– Spiders MC,
– Demons MC,
– Rogues MC,
– Trailer Trash MC,
– Animals MC,
– Black Sheep MC,
– Veteran MC.
Son but était d’éviter les rivalités entre les chapitres hollandais de ces gros clubs et de faire barrage aux nouveaux MC et chapitres étrangers tentant de s’implanter aux Pays-Bas. L’objectif était notamment d’empêcher les activités du Bandidos MC et du Outlaws MC.
Très vite, des rivalités ont commencé à gangrener le comité. Les Satudarah avaient du mal avec la volonté des Hells Angels de contrôler l’ensemble des clubs néerlandais. En juin 2011, les Maluku quittent le Comité des 8, suivi par le Black Sheep MC et le Demons MC en 2013, marquant le début de la dissolution du regroupement.
Les couleurs et le Code d’Honneur des Satudarah
La couleur jaune du Satudarah Maluku MC n’a rien à envier à celles du Yellow Jacket MC et les distingue de la foule. L’indien indonésien à double tête que les bikers portent en guise de logo est également très original. Leur Code d’Honneur est à l’image de leurs origines et de leurs idéaux.
Les patchs du Satudarah Maluku MC
L’organisation des patchs de la veste des Satudarah est classique. Au dos de celle-ci, on retrouve un rocker haut, un rocker bas, le patch carré MC sur la gauche et le logo au milieu. Sur le devant, à gauche, se trouvent le fameux patch diamant 1 %, le titre du porteur, le nom de son chapitre et le nom de sa charte, en dessous. En bas de la veste, les Satudarah portent un side rocker. Enfin, sur la droite, un patch précisant le nom du club et le rang au sein du groupe est visible.
Le rocker haut affiche fièrement « Satudarah » et celui du bas « Maluku ». Les deux sont écrits en noir sur fond jaune. C’est la même chose pour le patch carré MC et celui des 1 % à l’avant. Le side rocker porte la mention « brotherhood », fraternité en français. Ce mot reflète bien le nom « sang unique » du MC. Ce side rocker, qui affiche habituellement le nom du chapitre (comme c’est le cas de la veste des Boozefighter) marque ici une forte appartenance de groupe.
Attardons-nous sur le logo du club. Il représente deux visages d’Indiens de profil, se tournant le dos. Celui de gauche est noir, celui de droite est blanc. Ils partagent une natte de cheveux rouge et un couvre-chef composé de 9 plumes noires et blanches. Ces deux Indiens indonésiens représentent la dualité et la double origine des fondateurs. Un des deux leur rappel leur archipel, l’autre ancre leur présence et leur vie aux Pays-Bas. Ils se complètent.
La symbolique des couleurs
Les couleurs des Satudarah sont le jaune et le noir. Le jaune a une signification bien particulière, car il représente leur couleur de peau. C’est en tout cas la couleur que les colons utilisaient lorsqu’ils parlaient des Moluquois, des Indonésiens et des Asiatiques en général. Les fondateurs du club s’approprient cette description raciste pour en faire leur force et leur couleur.
Ce jaune est ainsi présent sur leurs patchs. Certains membres portent des jerseys ou des sweaters unis jaunes sous leur veste de biker. Là encore, cette couleur marque une envie de groupe et d’unité. À la création, les Satudarah sont indonésiens et se reconnaissent tous sous cette couleur. Le club s’ouvre petit à petit à toutes les ethnies et toutes les nationalités, mais énormément de chapitres sont en réalité des groupements d’immigrés ou d’enfants d’immigrés.
Le Code d’Honneur du MC
La devise des Satudarah est « La Nation Noire et Jaune à travers le Monde », « Black and Yellow Nation Worldwide » en anglais. Les couleurs ici font avant tout référence à celles de leurs patchs, mais on comprend bien l’envie de se démarquer en montrant que les Maluku acceptent tout le monde.
En octobre 2012, le MC ouvre d’ailleurs un bar dans le quartier rouge de Duisbourg, une ville allemande faisant partie de la communauté de communes du secteur de la Ruhr. Celui-ci se nomme tout simplement le « Black and Yellow Nation Worldwide ». Ce bar est mitoyen à celui des Bandidos, le « The Fat Mexican », ce qui constitue un affront envers les Hells Angels.
Accusations Criminelles et Justice
Les Satudarah méritent bien leur patch des 1 %. Ils se retrouvent en effet dans de nombreuses affaires criminelles liées au grand banditisme, au trafic de drogues, à l’extorsion de fonds et au trafic d’armes. Certains membres sont jugés pour meurtre.
Les tensions avec le Hells Angels MC
Depuis la dissolution du Comité des 8, la tension est palpable entre le Satudarah MC et le Hells Angels MC. Ils s’affrontent régulièrement lors de bagarres de rue sanglantes, souvent avec des armes blanches. À l’ouverture du bar de Duisbourg, 6 motards venus en découdre sont arrêtés en possession de couteaux, de pistolets à gaz et de matraques.
Quelques mois plus tard, début 2013, les affrontements continuent en Allemagne. Des membres des Hells sont blessés par balles, à Düsseldorf, un membre des Satudarah est retrouvé blessé à coups de couteau, des fusillades sont aussi orchestrées contre les deux groupes. Les Maluku finiront par affirmer que les Hells Angels sont un problème dans la communauté MC, car ils empêchent certains clubs d’exister.
Des Satudarah à la municipalité ?
À la fin de l’année 2012, Europol (agence européenne de police criminelle) s’inquiète dans un rapport de l’accroissement massif des MC à travers l’Europe. L’agence alerte sur les violences qui pourraient éclater entre les gangs et devenir un problème pour les populations. Ce rapport mentionne le Satudarah Maluku MC et son expansion rapide.
Ce document a des conséquences directes sur la mairie d’Amsterdam. Début 2013, le maire Eberhard Van der Laan déclare que la municipalité ne souhaite plus engager des membres du Satudarah et du Hells Angels. En effet, 3 Hells Angels faisaient alors partie de la municipalité amstellodamoise, ils sont licenciés sur le champ.
L’interdiction des Satudarah aux Pays-Bas
Le Satudarah MC mène une si grande politique de violence et de terreur, que des membres éminents du club finissent par le quitter. C’est le cas de Henk Kuipers, un des principaux leaders de l’époque, qui abandonne les Maluku pour rejoindre le No Surrender MC. Environ 150 membres vont suivre ses pas, à tel point que certains lieux de rassemblement troquent leurs couleurs jaunes et noires contre le noir et blanc du No Surrender.
Le 18 juin 2018, la justice néerlandaise annonce le bannissement du Satudarah MC de son territoire. Le club est même jugé plus dangereux que le Hells Angels MC. Trop d’anciens membres Maluku sont derrière les barreaux et ceux toujours actifs ne cessent de terroriser le pays. Leur participation au grand banditisme devient un sérieux problème. Il se passe la même chose pour les chapitres australiens. Les Satudarah sont bannis de Melbourne.
Conclusion : un club 1 % qui continue d’exister
Malgré les bannissements et les interdictions de se rassembler et de rider du Satudarah MC, c’est un club qui continue d’exister et de recruter. Les chapitres au travers de l’Europe et du monde existent toujours et leurs membres sont fiers d’en porter les couleurs. Depuis la décision de justice néerlandaise, les chapitres étrangers tentent tout de même de faire profil bas.
Les rivalités avec les Hells Angles sont cependant toujours présentes et les autorités nationales, ainsi qu’Europol, restent sur leurs gardes. Le Saturadah MC ne mourra pas, mais le club 1 % reste en danger.