La panoplie du motard, dans l’imaginaire collectif, se résume souvent à un casque, des gants, une veste, un pantalon et des chaussures conçus pour la moto. Ces habits sont d’ailleurs exigés lorsqu’on passe le permis A. Tout cela est vrai, mais fait fi de toute une tradition qui joue avec ces règles. En effet, et cela se retrouve beaucoup chez les Bikers propriétaires de grosses cylindrées américaines, la moto peut être perçue comme l’expression d’un désir de liberté, loin de tout cet attirail certes sécurisant mais parfois perçu comme lourd et encombrant. C’est ainsi que se démocratise le gilet de cuir, le “cut-off” ou le “Kutte”, le terme existant sous diverses appellations mais pouvant être simplement défini comme un gilet sans manches.
Sommaire
D’où vient-il ?
Le “cut-off” est simplement une veste en cuir traditionnelle à laquelle on a enlevé les manches, pour se sentir plus libre de ses mouvements et avoir moins chaud. Cette mode est née dans certains milieux militaires américains, en particulier l’Armée de l’Air. Le procédé était également utilisé pour coudre les nombreux patchs que l’on souhaitait arborer, patchs en honneur au parcours du propriétaire de la veste et qui valait comme une sorte de CV portatif. Le principe du port du “cut-off” s’est ainsi propagé, notamment dans le milieu des motards et celui de la musique rock.
Que signifie-t-il ?
Porter un “kutte” est déjà significatif de tout un état d’esprit. En effet, il a une valeur de reconnaissance pour les autres motards, que ce soit sur la route ou autour d’un verre. Il s’agit pour le membre d’un club de faire valoir ses exploits ou son appartenance sans qu’il soit nécessaire d’en parler. Il existe ainsi toute une grammaire des insignes qui sont cousus sur le gilet, liste exhaustive que nous ne détaillerons pas ici, même si nous en donnerons quelques clés. La première chose, s’il y en a une, à afficher est le club auquel appartient le Biker. Cet insigne est généralement sur le dos du motard, et s’affiche de manière assez grande. Chaque club possède son logo spécifique, chaque élément du dessin étant porteur d’une signification (un crâne, des ailes, des symboles…), le nom du club est cousu au-dessus du dessin, et le chapitre, c’est-à-dire la section locale ou nationale du club d’où vient le Biker, figure dessous. De part et d’autre du logo sont généralement associées les mentions “1%”, référence incontournable des motards appartenant au tristement célèbre groupe des 1% de Riders menant une mauvaise vie par opposition aux 99% de moutons conformistes respectant la loi, et le sigle “MC”, signifiant “Motorcycle Club”, club de motards. Ceci est en quelque sorte la base, et peut presque suffire à enclencher, dans le meilleur des cas une discussion, et dans le pire une amorce de dispute. Des fusillades ont eu lieu pour cela seulement. En effet, les rivalités entre clubs sont célèbres et donnent parfois lieu à de vrais règlements de compte. Mais tout un ensemble de patchs supplémentaires existent , généralement sous le forme d’acronymes, qui précisent les orientations du Biker: son rapport à l’autorité, les valeurs qu’il respecte, les frères de route à qui il veut rendre hommage, voire même ses conquêtes amoureuses… Tout cela s’inscrit dans une codification précise que les autres motards perçoivent, mais qui reste confidentielle aux yeux d’un public profane.
Et la sécurité ?
Le port du “kutte” a de quoi faire frémir les moniteurs d’auto-école en raison de son manque de protection. En effet, il libère complètement les bras et il n’existe pas de gilet de cuir avec une dorsale intégrée. Peut-être cela pourrait-il faire l’objet d’un marché à conquérir ? Cela est normal dans la mesure où porter un “cut-off” participe d’une revendication de sa liberté, d’un désir de rouler le plus léger possible. Cela peut se comprendre, et encore, sur des routes rectilignes comme la route 66, sur lesquelles le risque d’être percuté par un autre véhicule est exceptionnel, mais sur nos départementales françaises, rouler ainsi est nettement plus risqué. Les motards ne sont pas fous et l’ont bien compris, si bien qu’ils font en sorte de porter le “kutte” en complément d’un autre habit qui sera, lui, plus protecteur: blouson en cuir, sweat… Ainsi le look du motard est préservé, et la sécurité sera au rendez-vous: n’oublions pas que notre passion fait plusieurs centaines de morts par an en France.
Conclusion
En définitive, le “kutte” peut être vu comme un accessoire indispensable du biker désireux de rencontrer d’autres motards, avec lesquels il partage les mêmes valeurs. Cela lui permettra d’affirmer un peu plus de sa personnalité, par rapport à l’éternel uniforme du motard, certes sécurisant mais tellement impersonnel.