Qui n’a pas en tête Marlon Brando enfourchant sa Thunderbird de 1950, inoubliable bad boy qui immortalisa l’image du motard tout de jean et de perfecto ? Le succès du blouson en cuir ne s’est jamais démenti depuis, mais il a largement évolué, et que dire du reste de l’équipement du motard, bottes, pantalon, gants et autres accessoires… ?
La moto est un sport, et un sport de vitesse, un sport de plein air. Et depuis quelques décennies, dans l’optique d’améliorer les performances sportives des athlètes, les chercheurs et chimistes se sont totalement investis dans l’industrie de l’habillement du sportif, et l’équipement du motard a été l’un des premiers à en bénéficier.
Comme le skieur, le motard est confronté à la vitesse et au froid ; comme le pilote de formule un, il est confronté au raidissement de ses muscles. Plus encore que le hockeyeur, le cycliste ou le cavalier, il risque de lourdes chutes aux conséquences graves. Tout un panel de technologies a vu le jour, destinées à combattre de façon de plus en plus efficace les inconforts et les risques auquel le motard est confronté.
Sommaire
Les technologies liées aux chutes.
Aucune chute en moto n’est anodine, et si une conduite prudente reste le meilleur moyen de les prévenir, la sensation d’être en sécurité dans son équipement lorsque l’on enfourche sa moto est un facteur psychologique essentiel.
Même si la législation n’a toujours pas rendu obligatoire le port de coques de protection et de dorsales, les équipementiers sont depuis plusieurs années conscients de leur importance, et les ont incorporées avec plus ou moins de rigueur et d’efficacité dans la conception des vêtements moto. Bien souvent, la plaque de mousse intégrée est peu solide et protectrice, mais les plus scrupuleux suivent les normes européennes EN et incorporent des matériaux qui ont été testés contre l’impact, l’abrasion, la perforation, le déchirement et l’éclatement. Les industriels créant ces protections travaillent en permanence sur l’amélioration de la résistance des matériaux utilisés, et sur leur moindre épaisseur.
En ce qui concerne les textiles, de gros progrès ont été faits aussi. Par exemple le Kevlar, célèbre pour sa résistance (il est utilisé pour la fabrication des gilets pare-balles) a été incorporé à un textile pour former l’Armacor qui démontre une forte résistance à l’abrasion et au déchirement.
La démarche des industriels est pourtant complexe, car les progrès dans la recherche de protection peuvent être contradictoires avec ceux réalisés dans la quête de confort du motard. En effet, la chimie textile doit concilier la quête de résistance et de solidité, avec celle de souplesse, de respirabilité et d’imperméabilité
Les miracles de la chimie textile
Les fibres synthétiques
La chimie textile s’est intéressée aux éléments constitutifs de tous textiles : les fibres. Les fibres naturelles présentent pour certaines de l’intérêt, mais ce sont surtout les fibres synthétiques qui ont ouvert le champ à l’apparition de nouveaux matériaux et de technologies innovantes. Les fibres synthétiques sont constituées de polymères, sur lesquels interviennent les chimistes avant tissage, afin de modifier leurs propriétés mécaniques et physiques. L’enjeu du travail sur la structure de ces fibres et sur les composites créés à partir de ces polymères est le combat contre le froid et la chaleur, contre l’humidité : le corps régule sa propre température, et dégage de la transpiration. Le travail de ces fibres synthétiques permet d’améliorer la régulation thermique et l’isolation.
C’est ainsi que les chimistes se sont penchés sur les complexes enjeux de la thermo-régulation, la respirabilité et le séchage, l’étanchéité etc…
Les fibres les plus fréquemment utilisées et travaillées sont entre autres :
– le polypropylène qui grâce à sa faible densité apporte de la légèreté, et rejette l’eau, donc permet au vêtement de sécher vite.
– les para-aramides dont l’un des plus connus et le plus couramment utilisé est le Kevlar, très résistant à la chaleur et à l’abrasion.
– Les méta-aramides, dont le Nomex qui retarde la diffusion de la chaleur, très utilisé en F1, et intégré à un certain nombre de tours de cou ou de pantalon motard haut de gamme.
– Les industriels ont aussi développé des techniques de tissage de fibres invisibles à l’œil nu, les micro-fibres, qui ont permis de gros progrès en termes de légèreté des tissus, de confort, et aussi d’imperméablité.
– Certaines fibres dites « à canaux de surfaces », évacuent la transpiration. Le Coolmax par exemple, qui sèche vite et donne une sensation de « frais », est très apprécié dans les doublures de blouson.
– Les fibres creuses sont d’excellents isolants, utilisés dans tous les secteurs textiles. Le Thermolite par exemple se retrouve dans des sous-gants, plastrons, cagoules etc…
La magie des textiles imper-respirants.
Les textiles imper-respirants, comme leur nom l’indique, sont à la fois imperméable à l’eau de pluie eau sous sa forme liquide), et perméables à la transpiration (eau sous sa forme gazeuse). L’idée est très simple, mais brillante : le maillage de ces membranes est assez serré pour bloquer les gouttes de pluie, qui ne peuvent traverser. Mais il est assez large pour laisser passer la vapeur d’eau.
Le succès de ces membranes a été immédiat dans le monde du sport. Qui aujourd’hui ne connait pas le Gore-Tex ? Le motard retrouvera ces membranes, généralement dans la doublure, ou sous la surface extérieure (cuir, textile) de son blouson, ses gants, ses bottes etc…
Peut-être les vertus mystérieuses de votre équipement vous paraissent-elles un peu plus compréhensibles à présent…
Pour vous aider à vous y retrouver encore mieux dans toute cette terminologie complexe, voici un petit glossaire (non exhaustif !) des termes techniques, autres que ceux explicités précédemment, que vous pouvez être amenés à rencontrer lors de vos visites à votre équipementier :
Aramide : fibre synthétique offrant une très bonne résistance à l’abrasion et aux chocs.
Clarino : cuir synthétique utilisé pour les gants et les bottes, présentant les mêmes qualités que le cuir naturel, mais un avantage supplémentaire : il reste souple même après avoir été mouillé.
Cordura : fibre opposant une belle résistance à l’abrasion et une protection efficace face au vent.
Cuir « pleine fleur » : c’est le plus résistant des cuirs. Il a gardé son épaisseur d’origine.
Cuir de bœuf : le plus couramment utilisé pour la confection, il résiste bien à l’abrasion.
Cuir de chèvre : plus fin et souple que le cuir de bœuf, il est aussi un peu plus fragile. Son étanchéité au vent en fait un matériau de choix pour la confection des gants.
Cuir de kangourou : cuir souple et résistant à la déchirure, il est très apprécié pour la fabrication de gants de course.
Cuir lisse : aussi appelé « crouté enduit », ce cuir de bœuf de haute qualité est recouvert d’un imperméabilisant lui conférant une belle étanchéité.
Cuir nappa : cuir traité en surface de façon à réduire ses pores. Il est plus imperméable et se tache moins qu’un cuir classique.
Cuir Pittards : les cuirs Pittards, créés par l’entreprise homonyme, présentent une belle imperméabilité, sont souples et respirants.
D-30 : matériau présentant une texture proche du gel, déformable sous une pression constante, mais qui se durcit sous l’effet d’un impact. Très fin, il est beaucoup utilisé pour les protections dorsales.
Dynatec : textile à base de polyamide et d’élasthanne.
Dyneema : fibres durables, légères et résistantes à l’abrasion, utilisées pour la confection de gants.
Élasthanne : fibre élastomère très extensible (comme le Lycra).
Flex Tenax : textile polyamide pourvu de 10% d’élastomère offrant résistance et élasticité. On le retrouve dans certains pantalons de motard.
Keproshield : textile synthétique cumulant des fibres kevlar, polyamide et coton pour une grande résistance à l’abrasion. Elle constitue la couche supérieure de certains blousons
Kevkor : matériau mêlant du kevlar et du cordura, utilisé pour renforcer les jeans moto à usage citadin.
Hipora : membrane microporeuse imperméable et respirante. Sa résistance au vent en fait une matière très appréciée dans le confection des gants.
Lorica Matériau : textile synthétique proche du cuir, plus étanche et respirant, très résistant.
Outlast : procédé accordant aux fibres synthétiques des vertus de thermo-régulation et de résistance à l’abrasion.
ProSafe : à base de polyuréthane, elle a été conçue pour absorber les chocs. On la retrouve dans les coques et les dorsales.
Primaloft : isolant synthétique créé par la NASA pour un usage dans l’espace, extrêmement isolant et coupe-vent.
PVC : polychlorure de vinyle, célèbre pour ses vertus d’étanchéité.
Softshell : tissu composé d’une membrane imperméable, respirante et d’une couche intérieure en micro-polaire. Coupe-vent et imperméable, il est utilisé pour un certain nombre de vestes.
Taslan : traitement appliqué sur des fibres synthétiques ou naturelles, leur permettant de résister à la pénétration de l’eau.
Teflon : polymère thermostable, il est très isolant et résistant à l’abrasion.
Thermolite : gamme de matériaux isolants offrant de bonnes performances thermiques en milieu humide. Il est apprécié notamment pour la fabrication des bottes.
Thinsulate : fibres synthétiques microfibres, aux vertus isolantes et évacuant bien la transpiration.