Le MC Rebels est un club hors-la-loi de bikers, basé dans l’Ouest du Canada, fondé en 1968. Il fait partie de la minorité (1%) des clubs qui affiche clairement ne pas respecter les règles de la société.
Cependant, sa propension à vouloir conquérir des territoires et sa politique très dure de gestion de ses frontières amènent ses membres à participer à de violents affrontements, avec les clubs rivaux, notamment le MC Grim Reapers, leur ennemi numéro 1.
Le MC Rebels ne revendique pas d’ambition de commettre de crimes.
Un livre a été écrit par Daniel Wolf (un étudiant anthropologue) sur la vie quotidienne des membres, le fonctionnement interne du club ; cette vue de l’intérieur offerte aux lecteurs humanise les membres du MC Rebels et met en évidence les liens de fraternités très solides, qui les unissent.
Depuis 2004, après le départ de la grande majorité de ses membres pour rejoindre les Hells Angels ou les Bandidos, le MC Rebels n’est plus considéré comme actif.
Sommaire
Origines du MC Rebels
Une domination rapide et sans conteste
Le MC Rebels a été fondé en 1968, à Red Deer, dans la province canadienne d’Alberta.
C’est l’un des trois MC dominants dans les années 1970, jusqu’aux années 1990, avec le MC Grim Reapers et le MC Kings Crew.
Il est surtout répandu dans l’Ouest du Canada ; le club n’a jamais possédé de chapitre au niveau international.
Pendant la période fin 1970-début 1980 (l’âge d’or au Canada de l’Ouest pour les clubs 1% indépendants), le MC Rebels domine « les alentours d’Edmonton » alors que le MC Grim Reapers (leur principal rival) a plutôt la main sur Red Deer et Calgary.
Tout au long des années 70, de violentes rivalités territoriales s’installent entre ces deux clubs, discrètement. En effet, les nombreux affrontements se sont passés en dehors du radar des autorités et des médias.
Une politique territoriale impitoyable
Les années 1970 s’avèrent être une période pendant laquelle la dominance du MC Rebels est claire ; le club est connu pour son appétence à conquérir de nouveaux territoires dans la violence. On dira de lui que sa politique concernant ses territoires est menée d’une “main de fer”.
Depuis la fondation du club en 1968, ils ont battu et annexé plusieurs autres clubs rivaux, parvenant à annexer 13 nouveaux clubs dans la province d’Alberta.
De sérieux rivaux
En 1978, Franck Lenti et Gennaro Raso ont fondé l’unique chapitre d’Ontario, mais celui-ci n’a appartenu au MC Rebels que pendant un an ; en effet, en 1979, le chapitre a été pris par un autre club tout récemment fondé, le MC Loners.
Au début des années 80, le MC Grim Reapers gagne en puissance alors que le MC Rebels stagne ; le premier menace le second de ne pas inscrire le mot “Alberta” dans le dos de ses kuttes (sous le logo), sous peine de provoquer une guerre de clubs.
Par conséquent, les membres du MC Rebels de Calgary ont utilisé les mots “Southern Alberta” (“Sud de l’Alberta”, en français) et ceux d’Edmonton “Northern Alberta” (“Nord de l’Alberta”, en français) sous le logo de leur kutte.
Le MC Grim Reapers a en revanche toléré que le MC Kings Crew utilise le nom de “Calgary” sur ses kuttes.
Les membres de Saskatchewan (une province canadienne voisine d’Alberta) du MC Rebels utilisent, quant à eux, le mot “Saskatchewan” sous leur logo.
Les Hells Angels s’étendent au Canada
Dans les années 1980, le MC Rebels fusionne avec le MC Loners basé à Saskatchewan, ce qui leur permet de mettre la main sur le chapitre de Saskatoon.
Jusqu’en 1997, il fait partie du quatuor des MC dominants, avec les MC Grim Reapers, Warlords et Kings Crew. Pendant cette année, les Grim Reapers ont rejoint les rangs des Hells Angels lors d’une cérémonie officielle tenue à Red Deer.
Cela a permis au MC Rebels d’élargir ses territoires en prenant les chapitres d’Edmonton, de Calgary, de Moose Jaw, de Saskatoon et de Toronto.
Le chapitre d’Edmonton a été fermé en 1997 suite à l’arrestation de son secrétaire-trésorier Scott Jamieson pour conspiration mais à rouvert peu de temps après. Seulement, entre-temps, beaucoup de membres du MC Rebels ont rejoint les Hells Angels.
En Septembre 1998, le chapitre du MC Rebels de Saskatoon rejoint également les rangs du MC Hells Angels.
Toutes ces fusions ont permis à ces derniers de prendre le contrôle des chapitres d’Alberta et du Saskatchewan au Canada.
Pas tous d’accord pour les Hells Angels…
En Octobre 2001, Joey Morin surnommé “Crazy Horse” (“Cheval Fou”, en français), le Président du chapitre d’Edmonton des MC Rebels, contacte le MC Bandidos (rival notoire des Hells Angels) afin d’envisager une fusion. En effet, le chapitre d’Edmonton demeure le seul à ne pas avoir rejoint les rangs des Hells Angels.
Lors d’une réunion organisée à la ferme de Wayne Earl Kellestine, un membre du MC Bandidos, Morin et les autres membres des MC Rebels ont été quelque peu refroidis en raison du comportement jugé indigne des Bandidos.
En effet, Kellestine a un comportement assez excentrique, le trésorier Luis Raposo surnommé “Chopper” (“Hachoir”, en français) s’est défoncé à l’aide de substances diverses et variées, et un Giovanni Muscedere sous l’emprise de cocaïne a joyeusement tabassé l’un de ses “frères” à cause d’une dissension sans intérêt. Pas vraiment de quoi donner envie au MC Rebels, de se joindre à ce spectacle ! Néanmoins, le projet de fusion semble commencer à aboutir.
En 2004, Joey Morin (aussi connu sous le nom de Joey Campbell) et Robert Charles Simpson ont été abattus sur le parking du club de strip-tease Saint Pete, à Edmonton, alors qu’ils sortaient tout juste de la voiture de Morin. Un peu avant le meurtre, le site officiel des Bandidos avait publiquement identifié Morin, en tant que membre probatoire et Simpson comme un proche du club.
Des sources proches de l’enquête ont affirmé que Morin et Simpson voulaient fonder un chapitre du MC Bandidos à Edmonton et que le crime avait été orchestré par un groupe de personnes qui y étaient opposées (peut-être un coup du MC Hells Angels, qui était à cette époque en guerre territoriale avec le MC Bandidos).
À aujourd’hui, aucune arrestation n’a été faite et l’enquête est toujours officiellement en cours à propos de ces meurtres.
Arrêt officiel du club
En 2004, le MC Rebels a été déclaré comme n’étant plus un club de bikers hors-la-loi actif ; en effet la grande majorité de ses membres ont désormais rejoint les rangs du MC Hells Angels ou du MC Bandidos.
Les Spécificités du Club
Le MC Rebels vu de l’intérieur
En 1991, un livre intitulé “Rebels : A Brotherhood of Outlaws” (“Rebels : Une Fraternité de Hors-la-loi”, en français) a été écrit à propos du fonctionnement interne du MC Rebels, abordant notamment ses tensions permanentes avec les clubs rivaux. L’auteur, Daniel Wolf, témoigne de sa propre expérience, après avoir ridé pendant des années aux côtés des membres du MC Rebels au cours de la deuxième moitié des années 1970.
Daniel Wolf a un intérêt authentique pour la culture biker. Il a d’ailleurs réalisé sa thèse de fin d’études d’anthropologie (à l’université d’Alberta) au sein du MC Rebels. Il y a été invité après avoir noué des liens d’amitié avec plusieurs membres du club.
Wolf les avait prévenus qu’il serait susceptible d’écrire à propos de son expérience pour sa thèse et les membres du club l’ont tout de même accepté, en connaissance de cause.
Une bonne partie du livre décrit les relations sociales du club, notamment la façon d’y entrer. Une autre grande partie traite de l’importance des relations sociales entre les membres du club. Quatre autres chapitres sont consacrés aux activités économiques et politiques du MC Rebels.
Les Couleurs et le Code D’honneur des Rebels
Beaucoup d’éléments de ce paragraphe sont tirés de parties du livre de Daniel Wolf. Il constitue une excellente source d’informations à propos du fonctionnement interne du MC Rebels.
Le logo
Le logo du MC Rebels est une tête de mort. Dans le dos des kuttes des membres, le mot “Rebels” est situé au-dessus et la localité du chapitre auquel appartient le membre est située en dessous.
Un processus de recrutement en plusieurs étapes
Le processus de recrutement comprend plusieurs étapes : un futur membre commence par devenir ami avec le club, devient ensuite un apprenti puis devient finalement un membre initié.
Priorité absolue au club
Le fondement du club est en effet basé sur la solidité des relations entre ses membres.
Aussi, il leur est expressément demandé de faire passer leurs engagements envers le club avant leur vie sociale à l’extérieur (avant même leur propre famille).
Trois chapitres sont consacrés au fonctionnement des établissements, et les courses de moto en groupe.
Pas de vocation à agir de façon criminelle ?
Bien que le club porte des valeurs anti-État et laisse paraître une attitude qui pourrait mener ses membres à commettre des actes hors-la-loi à certains égards, le club ne prône pas une vocation à commettre des crimes.
Daniel Wolf décrit dans son livre que la dynamique sociale du club est destinée à offrir à ses membres (provenant quasiment tous de la classe moyenne) un endroit où ils peuvent sentir qu’ils appartiennent à quelque chose de plus grand.
Pas de haute criminalité économique
Également, il s’avère que le club n’a pas pour vocation de perpétrer des crimes sur le plan économique (braquages de banques, extorsions de fonds, etc…). Les fonds du club proviennent essentiellement de la cotisation de ses membres, du troc et des diverses activités sociales interclubs organisées.
Accusations Criminelles et Justice
En 1975, le MC Rebels gagne en notoriété en partie grâce à leurs conflits avec l’unité francophone du Canadian Airborne Regiment (Régiment Aéroporté Canadien, en français), plus connu sous le nom de “One commando” (“Commando numéro 1”, en français).
Lors d’un conflit faisant partie des plus connus, 40 membres du Canadian Airborne Regiment ont tendu une embuscade à 23 membres du MC Rebels à Edmonton, dans l’établissement Kingsway Motor Inn, propriété du club. Ils étaient armés de diverses armes toutes aussi dangereuses les unes que les autres : battes de baseball, matraques, barres en acier, nunchakus…
Une violente escarmouche s’en est suivie, se terminant par la retraite des troupes canadiennes, battues et blessées. Au moins 13 d’entre eux ont eu besoin d’un suivi médical. Les membres du MC Rebels s’en sont ensuite retournés à leurs affaires. Cet évènement est connu sous le nom de « Battle of the Kingsway” (“la bataille de Kingsway, en français”) dans le folklore Rebels.
Ce dénouement inattendu malgré le sous-effectif a contribué à faire grandir la notoriété dominante des membres du MC Rebels ; la solidité de leurs liens fraternels ne peut les mener qu’à la victoire.
La discrétion du MC Rebels quant à ses nombreuses rivalités, notamment avec les MC Grim Reapers, fait qu’il y a très peu d’arrestations de ses membres médiatisées.
L’une des seules arrestations connues concerne le trésorier des MC Rebels Scott Jamieson en 1997, pour conspiration, ayant entraîné la fermeture temporaire du clubhouse du chapitre d’Edmonton.
Conclusion : MC Rebels, un club à fort potentiel mort prématurément ?
Le MC Rebels se caractérise par les liens de fraternité indestructibles entre ses membres. Cette solidarité sans faille a permis au club d’asseoir et de tenir sa position dominante dans plusieurs territoires canadiens pendant plus de 20 ans.
Intouchable pendant les années 1970, la multiplication et le renforcement de ses rivaux dans les années 1980 ont contribué à la stagnation du MC Rebels.
Son refus de perpétrer des crimes sur le plan économique a, certes, donné une image plutôt sympathique du club mais a peut-être engendré un certain manque de moyens pour faire grossir ses rangs et étendre davantage son territoire. D’autres clubs, peut-être moins regardants sur le plan éthique tels que les Hells Angels ou les Bandidos, ont fini par absorber les chapitres du MC Rebels à la fin des années 1990-début 2000.
Ainsi, après plus de 20 ans de domination sur ses territoires, les membres du MC Rebels semblent se faire une raison en rejoignant définitivement les rangs de ces clubs devenus probablement trop grands pour être battus à la loyale.