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La norme en vigueur EN 13594 :2015
Dans le but d’unifier et d’harmoniser les certifications des différents pays européens, on a adopté une nouvelle norme pour les gants moto, c’est l’EN 13594 :2015. Elle ne s’adresse pas seulement aux motocyclistes professionnels, elle englobe l’ensemble des utilisateurs de deux-roues. Il est apparu indispensable que le plus grand nombre d’usagers adoptent désormais « une protection homologuée ». C’est pourquoi cette nouvelle certification introduit un second niveau de performance au niveau 1, ajoutant « des définitions à la protection des doigts, aux fourchettes et à la ligne du poignet ». La durée de résistance qui était de 1,5 s auparavant passe à 4 secondes pour le niveau 1, elle est maintenant de 8 secondes pour le niveau 2.
Sur le marché, il est possible de trouver 3 types de gants en fonction des différents niveaux d’homologation. KP se définissant comme « knuckle protection » qui signifie « protection des articulation », on a concrètement :
– 1 : gants de protection motocycliste non dotés de coques de protection des articulations.
– 1 KP : gants de protection motocycliste dotés de coques de protection des articulations.
– 2 KP : gants de protection motocycliste dotés de coques de protection des articulations. Ces derniers présentent un niveau de protection supérieur. Par ailleurs, des gants ayant des inconvénients en matière de poids et de restriction de mouvements sont souvent attribués au niveau 2.
Dans tous les cas, pendant l’achat de vos gants pour moto, il faudra veiller à ce qu’ils portent à la fois le cigle CE et le pictogramme du motard associé aux chiffres et symboles 1, 1 KP, ou 2 KP. Les fabricants ont bien pu mettre en application les nouvelles normes sur leurs produits durant l’année 2016. Cependant, on trouve encore sur le marché des modèles homologués suivant l’ancienne version EN 13594 :2002. Ces derniers sont encore valables, on y retrouve le symbole CE et le pictogramme du motard, mais pas les chiffres 1 ou 2 ou l’indication KP.
La spécificité des gants moto
Il convient maintenant de bien spécifier la signification des niveaux 1 et 2 pour marquer leur différence et ce qui les rapproche. Dans cette description, le N correspond à Newton qui est l’unité de mesure de la force.
Niveau 1 :
longueur de la manchette ≥ 15 mm
abrasion ≥ 4 secondes
résistance du système de maintien ≥ 25 N
déchirement paume ≥ 25 N
déchirement dos ≥ 18 N
résistance des coutures ≥ 6 N/mm
résistance des coques (optionnelles) ≤ 9 kN
Niveau 2 :
longueur de la manchette ≥ 50 mm
abrasion ≥ 8 secondes
résistance du système de maintien ≥ 50 N
déchirement paume ≥ 35 N
déchirement dos ≥ 30 N
résistance des coutures ≥ 10 N/mm
résistance des coques (obligatoires) ≤ 5 kN
Les gants ainsi traités répondent à la norme EN 13594, « Gants de protection pour motocycliste », elle date de novembre 2015. Comme on a pu le constater, cette norme se divise en deux niveaux.
Au niveau 1, les gants sont conçus pour résister à une abrasion de 4 secondes. Ils sont également soumis à différents tests de déchirement et de coupure ; l’innocuité des matériaux qui les composent est aussi vérifiée, de même leur ergonomie. Ils doivent descendre à au moins 1,5 cm sous la base du pouce et présenter une capacité d’adhésion à la main pour ne pas être arrachés en cas de chute.
Au niveau 2, la capacité de résistance à l’abrasion monte jusqu’à 8 secondes. Le gant doit descendre à au moins 5 cm de la base du pouce et, contrairement au niveau 1, les coques de protection des articulations sont obligatoires. C’est pourquoi, il faudra faire attention aux détails durant l’achat.
Pourquoi a-t-on érigé une norme ?
Deux raisons explique cela. La première est historique.
En 1984, l’ACU, AutoCycle Union, un organisme qui s’occupe du développement des sports motorisés, réagit à une publicité mensongère qui lui prêtait des standards spécifiques de fabrication de combinaisons de moto. Cet organisme qui se conformait aux recommandations de la FIM en matière d’équipement de protection, trouva quand même l’idée assez originale. C’est pourquoi, en 1988, l’ACU tenta de fixer des standards en réunissant un comité technique, dont ses propres membres, des médecins et des professionnels de l’équipement. Les recommandations de ce comité ne furent cependant jamais publiées, l’ACU craignant de porter la responsabilité en cas d’accident grave durant les compétitions. L’organisme exigea uniquement des compétiteurs qu’ils portent des vêtements certifiés selon d’autres standards comme ceux de la BSI, (British Standards Institution).
Cependant, l’un des anciens membres de l’ACU, qui avait intégré la commission européenne, en 1991 à Bruxelles, proposa d’édifier une norme européenne, avec l’argument que « les motocyclistes auraient beaucoup à gagner si leurs équipements étaient fabriqués selon cette norme précisément définie». À l’époque les vêtements de moto n’étaient pas inclus dans la directive européenne sur les EPI. Le Comité Européen de Normalisation, CEN, mis alors en place une instance technique répondant au nom de « CENT/TC 162/WG9 » qui se chargea de la définition et de la rédaction de ces normes. Ce comité technique eut pour référence les travaux réalisés par d’autres organismes comme le BSI, l’Université de Cambridge qui avait publié ses propres standards et le laboratoire de tests britannique SATRA, qui reste une référence en la matière.
Après des débats houleux entre scientifiques, membres d’associations de motocyclistes, de représentants de l’industrie moto et de fabricants d’habillements, on arriva à un compromis : « Les vêtements destinés à une pratique loisir de la moto n’aurait pas besoin d’être EPI. Si un fabricant proclame qu’un vêtement en lui-même était protecteur, il ferait dès lors partie des équipements destinés aux professionnels et deviendrait un EPI soumis à test. » C’est de la sorte qu’en 1997, suite à onze années d’efforts, la première norme européenne dédiée à l’équipement de protection du motard vit le jour, sous la dénomination de 1621-1.
La deuxième raison qui justifie l’adoption de ces normes tient de la pratique et de la sécurité.
De nombreux accidents de moto se soldent par des blessures graves que seul un équipement de protection individuelle homologué pourrait réduire à un seuil de nuisance acceptable. Dans cette optique, les gants moto homologués ont pour vocation de protéger les mains des diverses projections sur une route, des intempéries et surtout des blessures en cas de chute ou d’accident. À scooter ou à moto, en ville ou sur de longs trajets, les gants devraient protéger les mains de contacts néfastes, notamment du bitume.
Lors d’une chute, même lorsque l’on roule à petite vitesse, le réflexe est de projeter les mains en avant pour amortir le choc, protéger sa tête ou son visage, préserver la cage thoracique. Comme on le sait, le bitume, l’asphalte ou le goudron sont par nature abrasifs pour permettre l’adhésion des pneus des véhicules. Lorsque vos mains frottent dessus lors d’une chute ou d’un accident, cela provoque un échauffement et des brûlures pouvant atteindre le 3ème degré, sans compter les écorchures que subit la peau. Même une petite glissade à vitesse moyenne peut vous abîmer les mains.
Sans les gants spéciaux, vous vous exposez également à de nombreuses fractures, car les os sont aussi mis à rude épreuve. Si l’on tombe à grande vitesse, si l’on heurte un obstacle, si l’on touche brutalement le sol, on subit inévitablement d’importantes lésions. La tête cubitale du poignet, la base de la paume, la tranche de la main, côté auriculaire…, les articulations notamment du poignet, avec l’os scaphoïde risquent de graves dommages pouvant s’avérer irréparables.
C’est pourquoi, certains gants sont munis d’un système anti-retournement du 5ème doigt, l’auriculaire, au moyen d’une liaison avec le 4ème doigt, l’annulaire. On voit par conséquent comment les gants de moto homologués peuvent réellement vous protéger et préserver vos mains.
Gants moto obligatoire, ce que dit la loi
Le décret n°2016-1232 du 19 septembre 2016, « relatif à l’obligation de porter des gants pour les conducteurs et les passagers de motocyclette, de tricycle à moteur, de quadricycle à moteur ou de cyclomoteur » rentre en vigueur à partir du 20 novembre 2016.
Cet arrêté du 19 septembre 2016 précise la caractéristique des gants que devront porter les usagers de cyclomoteur. Ils devraient être conforme à la réglementation relative aux équipements de protection individuelle et être revêtu du marquage CE accompagné du pictogramme motard. La norme EN 13594:2015 remplace l’ancienne norme EN 13594 :2002, avec une durée de résistance à l’abrasion de 4 secondes pour le niveau 1 et de 8 secondes pour le niveau 2.
Si l’on est contrôlé sans gants non certifiés CE ou non conforme à la réglementation, les sanctions prévues sont celles d’une contravention de classe 3 :
– Une amende de 68 euros, qui sera minoré à 45 euros si elle est payée dans les 15 jours.
– Le retrait d’un point sur le permis.
La mesure concerne autant le conducteur que le passager qui devra porter des gants en conformité avec la loi. La sanction pour ce dernier ne sera que financière, sans perte de point. Comme l’obligation concerne les motos, les scooters, les trois roues et autres quads, le retrait du point n’est prévu que si l’engin nécessite le permis. Le conducteur d’un cyclomoteur de moins de 50 cm3 ne risque qu’une simple amende.