Le MC des Hells Angels est l’un des moto club les plus mythiques, il a fait couler beaucoup d’encre ! Souvent médiatisé par les journaux internationaux, pour des faits divers violents. Mais quelle est l’origine de ce groupement de biker ? Est ce une organisation criminelle et que signifie l’abréviation 1% ?
Sommaire
La Californie : berceau des Hells Angels
Les Hell’s Angels sont apparus officiellement à Fontana, en Californie, le 17 mars 1948. L’association est fondée par des vétérans de l’armée américaine. La famille Bishop. Épris de liberté et de grosses cylindrées, ils sont suivis par d’anciens membres de divers clubs de motos. Tels que « Pissed Off Bastards of Bloomington ». Le site Internet des Hell’s Angels réfute l’idée selon laquelle des marginaux ou des mécontents de l’armée se seraient inscrits au club.
Le site indique également que le nom est suggéré par Arvid Olsen, l’un des fondateurs, qui avait servi dans l’escadron « Hell’s Angels » des Flying Tigers en Chine et en Birmanie durant la Seconde Guerre mondiale où furent placés trois escadrons de P-40, le troisième baptisé « Hell’s Angels ». En 1930, le film d’Howard Hughes « Hell’s Angels » narrait les exploits extraordinaires de l’aviation américaine durant la Seconde Guerre mondiale et l’on pense que les groupes de motards Hells Angels utilisèrent ce nom emprunté au film.
Création du premier chapitre
Une partie de l’histoire des débuts du HAMC (Hell’s Angels Motocycle Club) n’est pas claire et les versions diffèrent. Selon Ralph « Sonny » Barger, fondateur à Oakland de la première antenne locale, appelée « chapitre ». Les premières sections naissent à San Francisco, Gardena, Fontana et Oakland.
Les membres ignoraient l’existence des autres clubs de motards Hells Angels. L’un des clubs les moins connus, situé à North Chino, Pomona, en Californie, à la fin des années soixante. En 1953 Rocky Graves, fonde Les Hells Angels de San Francisco, selon certaines sources. Membre du club Hell’s Angels de San Bernardino, « Berdoo ».
Ceci impliquerait que les Hell’s Angels de « Frisco » étaient bien au fait de leurs antécesseurs. Les Hell’s Angels de Frisco se réorganisent en 1955 avec treize partenaires fondateurs, dont Frank Sadilek comme président. Et cela en utilisant un logo plus petit et original. Le chapitre d’Oakland, dirigé alors par Barger, utilise une version plus grande de l’écusson «Head of Death» nommé « Larger Barger », utilisé pour la première fois en 1959. Il devint par la suite le logo étendard du club.
Du mythe à la réalité
Les Hell’s Angels se représentent de manière semi-mythique et romanesque, des esprits libres, liés par des valeurs communes telles que la fraternité et la loyauté. En d’autres occasions, comme dans le film de Roger Corman, « les Anges Sauvages ». Ils semblent être comme violents et nihilistes, davantage comme un gang de biker Hells. Constitué par de violents criminels et représentant un fléau pour la société.
Le club prit de l’ampleur et établit sa notoriété durant le mouvement de contre-culture des années 1960 sur la scène de Haight-Ashbury à San Francisco. Les membres étaient liés à la plupart des dirigeants de la contre-culture : Ken Kesey et les Merry Pranksters, Allen Ginsberg, Jerry Garcia et les Grateful Dead, Timothy Leary, les Beatles, les Rolling Stones, Mick Farren et Tom Wolfe. Le club lança à l’époque la carrière du journaliste « Gonzo » Hunter S. Thompson.
Incidents et activités criminelles
La criminologue Karen Katz déclara en 2011 que les Hell’s Angels étaient au centre d’une panique morale au Canada qui impliquait les médias, les politiciens, les forces de l’ordre et le public qui exagéraient l’importance d’actes criminels isolés. La police et de nombreuses agences de renseignements internationales classifient les Hell’s Angels comme l’une des « quatre grandes » bandes de motards américains, incluant les Pagans (Païens), les Outlaws (Hors la Loi) et les Bandidos (Bandits).
Ces agences soutiennent que leurs membres réalisent des crimes avec violence, incluant le trafic de drogue, la contrebande, l’extorsion et également la prostitution. Les membres de l’organisation ont constamment affirmé qu’ils sont seulement un groupe de passionnés de motos et qu’ils se réunissent pour faire de la moto, organiser des événements sociaux tels que des voyages en groupe, des collectes de fonds, des fêtes et des manifestations de motards. Selon l’organisation, la responsabilité de tous les crimes commis incombe aux individus qui les ont réalisés et non au club dans son ensemble.
D’autres bandes de motards réclament alors leur part du gâteau au gang de biker Hells, multipliant les guerres de territoire. C’est dans les années 1990 que cette escalade de violence atteint son paroxysme lorsque les Hell’s Angels et leurs rivaux s’affrontent jusqu’à la mort. Assassinats ciblés et fusillades meurtrières laissent dans leurs sillages des centaines de cadavres.
La reconnaissance « Full Patch »
Faire partie des Hell’s Angels n’est pas chose facile. L’organisation est méfiante et fonctionne sur la confiance. Avant de pouvoir arborer les couleurs de la bande, la nouvelle recrue doit passer par un processus d’évaluation. Cette initiation permet aux plus méritants de devenir des « Full Patch », c’est-à-dire des membres à part entière. Ce statut s’accompagne de privilèges mais également de devoirs. Un Hell’s Angels doit toujours soutenir ses « frères » et protéger l’intégrité du clan.
Le site officiel des Hell’s Angels attribue la conception officielle de l’insigne « tête de mort » à Frank Sadilek, ancien président de la section de San Francisco. Les couleurs et la forme de l’emblème de la première période, celle d’avant 1953, sont copiées des insignes du 85e escadron de chasse et du 552e escadron de bombardiers.
Le système de récompense
Les Hell’s Angels utilisent un système d’insignes similaire aux médailles militaires. Bien que la signification de chacun des badges ne soit pas connue publiquement. On sait que ceux-ci identifient des actions ou des croyances spécifiques ou significatives de chaque motard. Les couleurs officielles des Hell’s Angels sont des lettres rouges sur fond blanc, d’où le surnom du club: « rouge et blanc ». Ces écussons sont apposés sur les vestes et les gilets en cuir des motards.
81 Hells Angels
Les couleurs rouge et blanches sont également utilisées pour afficher le nombre 81 sur de nombreux insignes, comme dans « Support 81 » ou « Route 81 ». Les chiffres 8 et 1 représentent les positions respectives dans l’alphabet des lettres H et A. Ceux-ci sont utilisés par les amis et les sympathisants du club, respectant les règles de l’association, en vue de limiter l’utilisation de l’image des Hell’s Angels uniquement aux membres du club.
On utilise, l’insigne en forme de losange, affichant « 1 % » en rouge sur un fond blanc avec une bordure rouge. L’insigne des « un pour cent » est une réponse satirique au commentaire de l’American Motorcyclist Association (AMA) sur l’incident d’Hollister. L’AMA indiquait alors que 99% des motards étaient des citoyens respectueux de la loi et que le 1% restants étaient des hors-la-loi. L’AMA ne possède aucune trace d’une telle déclaration à la presse et qualifie cette histoire d’apocryphe.
La plupart des membres utilisent un badge rectangulaire (fond blanc avec des lettres rouges et une bordure rouge) qui identifie les emplacements respectifs de chacune des sections. Un autre insigne de conception similaire appose les termes « Hell’s Angels ». Le cas échéant, les membres du club utilisent un insigne indiquant leur position ou leur rang au sein de l’organisation. Le badge est rectangulaire et semblable à ceux décrits précédemment, montrant un fond blanc avec des lettres et une bordure rouges.
Titres et Hiérarchie
Quelques exemples des titres utilisés sont : président, vice-président, secrétaire, trésorier et sergent d’armes. Cet insigne s’utilise généralement, par-dessus le badge « club location ». Certains membres portent également un insigne avec les initiales « AFFA » qui signifient « Angels Forever, Forever Angels », se référant à leur qualité de membre à vie au sein du club de motards.
Le livre « Gangs », écrit par Tony Thompson (un correspondant de The Observer), affirme que Stephen Cunningham, membre des Hell’s Angels, arborait un nouvel insigne après s’être remis d’avoir essayé de poser une bombe avec l’effigie de deux éclairs en forme de SS du style nazi sous les mots « Filthy Few » (Peu de Porcs).
Certains fonctionnaires chargés de l’application des lois, affirment que cet insigne n’est accordé qu’à ceux qui ont commis ou sont prêts à commettre un meurtre au nom du club. Selon un rapport de R.V. Bonner et Lindsay en 2005, un autre insigne, similaire au « Filthy Few », est le « Dequiallo ». Ce badge signifie que son détenteur « s’est battu contre l’application de la loi en prison ». Il n’existe pas de convention quant à l’emplacement des insignes sur les gilets des membres.
Une bande sous étroite surveillance
Bien que l’organisation déclare ne pas être fondée sur des principes racistes. Elle reconnaît qu’une grande partie de ses membres le sont. En conséquence, les motards de couleur n’y sont pas admis. Les Hell’s Angels sont aujourd’hui implantés dans une trentaine de pays à travers le monde et comptent plus d’une centaine de chapitres. La bande est, bien entendu, sous étroite surveillance aux États-Unis comme en Europe. Les forces de l’ordre souhaitant garder un œil sur les activités illicites de ses anges venu des enfers.
Au Canada, plusieurs membres de l’organisation sont reconnus coupables de meurtre, ou de trafic de stupéfiants. Les Hell’s Angels Québécois sont pratiquement anéantis lors d’une importante opération policière baptisée « Opération SharQc ».
Depuis 2002, l’ex-président Maurice Boucher de la section québécoise, « les Nomads » est incarcéré.
Le gouvernement des États-Unis a tenté à maintes reprises de mettre fin aux activités de l’organisation. Néanmoins, de nombreux procès se sont terminé en non-lieux et en relaxes. De même, aux Pays-Bas et en Allemagne, les autorités ont également tenté de faire interdire l’association sans jamais y parvenir.
L’organisation interne des Hell’s Angels
Sur le net, le HAMC présente une vitrine légale avec même sa propre boutique sur Ebay. L’organisation utilise des clubs tels que le MC (Moto Club) ou le HDC (Harley-Davidson Club) appelés « Supports ». Ceux-ci possèdent le statut associatif et sont agréés par la « famille ». HAMC chargée des rentrées financières. Ainsi que de l’exécution des tâches ingrates. Ainsi, en cas d’infractions graves, seuls ces derniers auront des comptes à rendre. Le mouvement Hell’s Angels ne peut être tenu pour responsable.
Le président, le vice-président ainsi que le sergent d’armes, chargé de la sécurité du club, sont aidés par un secrétaire et un trésorier. Il s’agit là, en fait, du fonctionnement type d’une association non lucrative régie par la loi de 1901.
L’histoire française des Hell’s Angels
À Paris comme dans les autres capitales européennes, un vent de rébellion souffle sur les sixties. C’est l’expression d’un profond désir de liberté et d’envie contenue de mutinerie contre l’ordre établi. L’Histoire ne retiendra que trois noms : les MC de Malakoff, de Crimée et de la rue de Lappe. Le MC « Anges de Crimée » naît en 1967.
Constitué par une dizaine de rockers, blousons noirs, loubards ou jeunes voyous, ils étaient presque tous du XIXe arrondissement, certains d’entre eux se connaissant depuis l’école communale. À leur tête, un chef emblématique, Loulou, dit « Loulou de Crimée ». 14 années plus tard, ce meneur d’hommes deviendrait le premier président du Hell’s Angels MC France. Sans locaux, uniquement les rues et les troquets du coin avec leur banc rue de Crimée.
Par-delà le périphérique, à l’autre bout de Paris, se trouve la ville de Malakoff dans la banlieue rouge. C’est là, qu’à peu près au même moment, une autre équipe de jeunes connaît le même destin. De ce vivier, sortiront quelques célébrités futures des Hell’s Angels français. Il s’agit, là encore, d’une bande de potes liés depuis l’enfance. Parmi eux, Fred surnommé « P’tit Pat » très branché aux États-Unis, voitures américaines et roulait sur une Hydra Glide.
Rencontre et Création du MC 81
Les deux bandes motorisées de Crimée et Malakoff, l’une provenant d’un quartier populaire de la capitale, l’autre de sa banlieue. Elles se croiseront sur les grands boulevards. En 1971, les deux MC se rencontrèrent près de la Bastille, dans la rue de Lappe. Certainement le premier local de motards de la capitale, voire de France. Olivier Mosset, dit Momosse, fut à l’origine de ce motoclub. 10 ans auparavant, ce jeune peintre quittait sa Suisse natale, pour venir vivre l’aventure parisienne.
Les fins de semaine, tout ce beau monde se retrouvait sur le boulevard Saint-Germain. Pour draguer les étudiantes rêvant de s’encanailler avec ces motards sortis de l’ordinaire. Le café Mabillon était leur lieu de rendez-vous. En 1973, les MC Crimée, rue de Lappe et Malak rassemblaient une quarantaine de garçons venus d’horizons très différents. Ils donneront, moins d’une décennie plus tard, le meilleur des premiers Hell’s Angels Français.
C’est ainsi que naissait la légende. Celle-ci se matérialisa le 18 avril 1981, après un meeting à Copenhague. Les prospects parisiens devinrent alors membres à part entière et fondèrent ainsi la première section des Hell’s Angels Français. 37 années plus tard, le club de motards est toujours présent à Paris.
Les Hell’s Angels en France aujourd’hui
En France, leur image est plutôt folklorique. Pourtant certains d’entre eux sont loin d’être des enfants de chœur. Trois membres de l’organisation sont en examen en 2014, à Reims pour trafic d’armes. Outre cette affaire, plusieurs motards affiliés aux Hell’s Angels sont soupçonnés dans des affaires de racket ou d’intimidation. Le président de la section de Colmar ainsi que son adjoint ont ainsi écopé de peines de prison ferme. Et cela après avoir tenté d’extorquer des fonds, et menacer de mort l’organisateur d’un salon de la moto en 2011.
Le nombre de motards français affiliés aux Hell’s Angels atteindrait une petite centaine. Il existe 8 sections, Paris, Orléans, Fréjus, Colmar, Normandie, Bretagne, Alpes ainsi qu’un chapitre Nomads. Chaque antenne locale compte une dizaine de membres. Il s’agit là d’une estimation, car il n’existe aucun organigramme officiel.
Cependant, contrairement aux pays du nord de l’Europe, les motards criminels ne sont pas nombreux. Dans certains pays scandinaves, où des territoires sont disputés, de véritables guerres de gangs sont engagées. La tendance n’est pas en hausse en France. Car les Hell’s Angels ont la sagesse, pour l’instant, d’être plus discrets.