Le Blue Angels Motorcycle Club, fondé en Écosse en 1963, est l’un des plus anciens clubs de motards. Il s’agit de l’un des plus prolifiques d’Europe, dans la mesure où il regroupe plus d’une trentaine de chapitres, répartis en Angleterre, en Belgique et en Espagne. Le Blue Angels Motorcycle Club constitue ainsi un groupe de motards très fécond, revendiquant leur appartenance au tristement célèbre groupe des 1%. Cette appellation provient d’une formule célèbre de la police, qui prétend que 99 % des motards sont constitués de citoyens honnêtes et le 1 % qui reste désigne des personnes hors la loi.
Tout un programme donc, qui indique à quel point les membres de ce club ont l’habitude de tremper dans le grand banditisme et le crime organisé. Cela est une constante de ces groupes de motards : appartenir à un club va bien au-delà du fait de se déplacer en moto. Cela suppose une vraie adhésion personnelle et tout un mode de vie. Entrer dans un gang n’est pas aussi simple que d’adhérer à un club. Il s’agit pour le nouveau venu de faire ses preuves et de montrer à ses pairs sa véritable valeur. Cela passe bien souvent par une sorte de bizutage caractérisé par des actes illégaux.
Sommaire
Origines du MC Blue Angels
Il faut imaginer les rues froides et humides de Glasgow dans le début de cette année 1963. Une bande de jeunes s’était déjà constituée – Billy “Rolling Stone” Gordon, Lenny Reynolds et Allan Morrison, 20 ans à peine, et décédé en février 2020- réunis par l’amour des motos, des filles et de la bière. C’est plus précisément dans le quartier de Maryhill, quartier peu engageant dans le nord de la ville, au croisement de Kings Road et Byres Road que tout a commencé: au Papingo, café réputé pour accueillir tard le soir toute une population.
Là est né ce qui allait devenir l’un des clubs les plus célèbres des 1%. Plusieurs origines du nom coexistent: certains parlent de la couleur bleue du drapeau écossais, d’autres, parmi les membres les plus anciens, ont une autre explication. Le mot “Blue” serait une sorte d’acronyme qui désignerait l’état d’esprit du gang : Bastards, Lunatic, Indesirables et Eccentrics. Le ton est donné !
Déjà, le goût pour la bagarre animait ces jeunes motards, et les altercations avec les autres clients du bar étaient nombreuses, notamment avec d’autres gangs locaux déjà constitués: les Calton Tongs, le Townhead Shamrock, les Gorbals Cumbies, la Govan Team, le Drumchapel Buck, le Pollok Bundie et le Partick Cross Boys. C’est dire si la guerre des territoires était âpre, les affrontements fréquents et particulièrement violents.
Néanmoins, en dépit de leurs oppositions locales, ces gangs avaient un point commun : l’amour de l’argent facile, et obtenu de manière illégale. C’est d’ailleurs toute une organisation qui se mettait en place, entre racket, installation de tanières illégales et proxénétisme. Ainsi, dans cette atmosphère tendue et fiévreuse incendies, assassinats, combats de rue, le groupe des Blue Angels commençait peu à peu à s’imposer jusqu’à ce que des pourparlers viennent apaiser quelque peu la situation. Une sorte de statu quo s’installa progressivement, et un curieux phénomène d’annexion implicite vit le jour, la plupart des membres de gangs locaux venant grossir les troupes des Blue Angels. Ainsi le club prit de l’ampleur et affirma ses codes, en grande partie hérités des Hell’s Angels californiens ou des Wranglers: les manches coupées et les célèbres choppers firent leur apparition, dans les rues de Glasgow.
Les Spécificités du Club
Trafics en tout genre, assassinats, grand banditisme… Ces activités illicites touchent la plupart des gangs du 1%, et le fait que Glasgow soit une ville portuaire, particulièrement propice aux imports et aux exports, n’est pas un hasard. Ce goût de l’interdit, des limites toujours repoussées et d’une vie en marge de celle du citoyen lambda caractérise également les membres du Blue Angel. Avec toutefois une caractéristique particulière : cette capacité à faire siens des membres de clubs différents. C’est ainsi qu’en 1992 eut lieu une rencontre entre les Blue Angels écossais et un autre club du même nom, mais belge, plus précisément de la petite ville de Herzele.
Ce gang, issu des Black Panthers, fut fondé en 1978, et demeurait très actif dans le plat pays. Cette rencontre entre les deux clubs, alors qu’on aurait pu croire qu’elle amènerait des rivalités et des affrontements, fut au contraire fructueuse, de telle sorte que les deux clubs fusionnèrent et n’en firent qu’un seul. A cette occasion le logo se précisa: en dessous du traditionnel casque ailé, symbole des Blue Angels, le pays d’origine du membre était inscrit. Cette expansion se poursuivit jusqu’en Espagne où deux chapitres (Costa Azul et Alicante Sur) virent le jour. Pour le moment, les Blue Angels sont répandus sur neuf chapitres en Écosse, cinq en Angleterre, dix en Belgique et deux en Espagne, ce qui en fait un des gangs les plus répandus.
Les Couleurs et les codes d’honneur des Blue Angels
Chaque gang, nous le savons, possède ses propres couleurs, ses propres insignes. Il s’agit à la fois, de par l’adoption d’un mode de vie, d’être fédéré à une appartenance mondiale, celle des bikers du club fermé des 1%; et d’affirmer dans le même temps son appartenance au gang d’où l’on vient. Cela n’a pas échappé au Blue Angels, qui a revu de manière intéressante son logo. Ainsi, il s’agissait à la fois de rendre hommage aux clubs américains, qui étaient sans conteste les fondateurs de ce mouvement mondial de bikers, et en même temps d’affirmer sa propre autonomie. La disposition californienne des éléments du blouson à ainsi été remaniée: les Américains affichaient le nom du club en haut, l’insigne au milieu, et le lieu d’appartenance en bas.
Les Blue Angels ont choisi de répartir les deux mots du club en haut et en bas du symbole, lui-même représentant un crâne issu de l’imagerie des waffen SS, lui-même entouré de deux l symbolisant les anges. Nous pouvons voir que ce motif n’a pas beaucoup évolué depuis. Suite à l’internationalisation du gang, il y a toutefois eu quelques changements. Le nom Blue Angels est ainsi inscrit en lettres gothiques au-dessus du symbole tandis que le nom du chapitre est lui-même marqué en dessous du dessin. Cela permet à la fois de souligner l’appartenance au gang et d’affirmer son autonomie locale, bien que ce soit le nom du chapitre qui soit inscrit (Leeds,York…) et non celui du pays. Cette volonté de ne pas marquer le pays d’origine du membre sur soi reflète bien ce désir de marquer une appartenance par-delà les frontières. Les membres des Blue Angels redéfinissent ainsi une sorte de géographie.
Accusations Criminelles et Justice
Comme la plupart des gangs, les Blue Angels ont de lourds antécédents judiciaires, on peut même parler sans hésitation de crime organisé. Se pose également le problème du décalage entre les faits qui sont connus, recensés et jugés, et tout ce qui se passe entre les murs des clubs ou des domiciles, tout ce dont le public n’a jamais connaissance. Cela crée une forme de confidentialité difficile à percer.
Ecosse
À l’origine, les Blue Angels se sont associés au parrain de Glasgow, Walter Norval, après que la fille de ce dernier ai épousé le membre du club William Gunn. Ce même William écopera de cinq ans de prison pour avoir menacé un témoin en novembre 1977 ainsi que pour attaque à main armée.
De même, un violent conflit a opposé les Blue Angels et les Nomads, club rival fondé en 1966 à Aberdeen. C’est pour des raisons géographiques que ce conflit a démarré : les Blue Angels se seraient étendus sur le territoire du gang ennemi. Ce conflit a mené à de violentes attaques. Entre autres en septembre 2013, un membre des Blue Angels s’étant arrêté à une station essence fut violemment frappé avec une batte de baseball et des barres de métal par des membres du gang des Nomads. Les noms de Kevin Blair, Alistair Thomson et Alexander Mackie furent retenus par la justice comme étant ceux des agresseurs. Tout cela mena, selon la loi du Talion, à de violentes représailles : trente à quarante Blue Angels attaquèrent le groupe adverse. Les trois auteurs de l’attaque du mois de septembre ont été condamnés à deux cent heures de travaux d’intérêt général en avril 2014 après avoir plaidé coupable.
Environ 20 membres du gang des Blue Angels, armés de marteaux et de barres de métal, ont illégalement essayé de pénétrer à l’intérieur d’un club rival situé à Moredun, quartier du sud-est Édimbourg, le 11 août 2018. Le club a été complètement détruit par une bombe durant la nuit, bien qu’un survivant, sévèrement blessé, ait toutefois été sauvé des décombres par les pompiers.
Dans le même genre, un membre du club, Ian Ewing, a été accusé d’avoir attaqué violemment, armé d’un marteau et d’une barre de métal, des membres du club des Nomads en février 2020 Ewing a été condamné à 7 ans de prison en avril 2020.
Angleterre
Fin avril 2006, une violente attaque à main armée eut lieu dans un garage de Leeds, suite à un différend entre le gérant du garage et des Blue Angels. Un peu plus d’un an plus tard, le gérant fut sévèrement blessé à son domicile par Paul Miller, jeune voyou contacté par les Blue Angels pour tuer le gérant de ce garage. Miller a été condamné à seize mois de prison en mars 2008. Le cogérant du garage a été battu lui aussi par une attaque au marteau par d’autres membres du gang.
De même, en 2018 quatre motards des Blue Angels ont plaidé coupable à leur procès pour avoir menacé devant son domicile un membre du Mongrel Mob, un gang rival, violant ainsi une règle implicite selon laquelle les affrontements entre membres de club rivaux ne doivent pas avoir lieu en présence de la famille des membres.
Belgique
La Belgique, bien qu’il ne soit pas le pays d’origine des Blue Angels, est le pays dans lequel le gang semble se développer avec le plus de virulence. Depuis 2009, la police fédérale belge considère les Blue Angels comme étant l’un des quatre gangs de motards criminels les plus dangereux, avec les Bandidos,les Hells Angels et les Outlaws. Régulièrement mêlés à des affaires de criminalité, de trafic de stupéfiants, ou d’agression, les Blue Angels multiplient les condamnations.
Par exemple, deux membres du club furent arrêtés pour cambriolage et vol de matériaux de construction en juillet 2010. Les hommes voulaient récupérer de quoi isoler leur lieu de rassemblement. En 2014, des membres du gang furent interrogés par la police après qu’un d’entre eux, suite à une altercation, retourna dans le bar d’où il avait été renvoyé auparavant. En possession illégale d’armes à feu, ce rider fut condamné. De même, un autre motard dut purger quatre mois de prison en 2015 après s’en être pris au professeur de son fils durant une réunion à l’école de la ville d’Alost.
Conclusion
Le gang des Blue Angels est plus vivant que jamais, il possède des ramifications en Écosse, en Angleterre, en Espagne et surtout en Belgique. Régulièrement cité dans des affaires criminelles, ce groupe reste extrêmement soudé. Cette vie en communauté à la marge des autres motards est une caractéristique récurrente de ces gangs. Internet et réseaux sociaux permettent d’assurer cette solidarité et de proposer une image en apparence plus lisse, même si le dessous des cartes est beaucoup moins reluisant. Il s’agit d’assurer une véritable économie du crime, tout en maintenant les coups d’éclat et en proposant aux yeux du grand public une image de motard solidaire et au service des gens.