À moto la vitesse tue on le sait ! Mais sait-on que « paradoxalement » le milieu urbain tue davantage ?
Près de 80% des accidents impliquant des motards et pilotes de scooters gros cube se produisent en ville. La vitesse n’y excède pourtant pas les 50 km/h. Le port d’équipement obligatoire reste donc incontournable, même sur des parcours limités et à vitesse réduite.
Sommaire
Les équipements obligatoires selon la loi
Depuis le 1er janvier 2018, un Équipement de Protection Individuelle, EPI, répondant aux normes européennes doit obligatoirement être porté par tous les conducteurs de deux roues motorisés.
- Le casque moto : son efficacité et sa parfaite adaptation garantissent la sécurité qu’il procure. Vous retrouverez l’homologation CE sur le casque.
- Les gants : l’obligation de son port date de 2016, y compris désormais pour les scooters. La norme CE, EPI ainsi que la norme EN 13594 sont obligatoires.
- Le gilet fluo : se doit d’être à portée de main et d’être endossé, en cas d’arrêt d’urgence.
Il est préférable de conserver les étiquettes de l’équipement « en bon état visuel » en cas de contrôle. Un inventaire EPI peut être établi auprès d’un commissariat. Il est recommandé de garder les justificatifs EPI sur soi.
Le style au détriment de la sécurité ?
Doit-on piloter une grosse cylindrée déguisé en agent de la voirie ? Certes non, le pilote n’est pas tenu de porter le gilet de sécurité haute visibilité, pour conduire.
La sécurité avant tout
Une chose est sûre : on ne fait pas de la moto en manches courtes et les jambes à l’air ! Le pantalon moto, la veste ou un blouson spécial deux roues , le casque moto, ainsi que les gants moto restent incontournables. Il est inconcevable de chausser des tongs, des sandales ou des espadrilles en pour enfourcher une grosse cylindrée. Des bottes spécifiques ou des chaussures coquées, fermées et montantes avec protection aux chevilles sont indispensables. L’image du prince charmant en short, tee-shirt et baskets enlevant Lili en robe légère et talons hauts sur son cheval de fer pour aller danser, est à laisser à Épinal. Trop d’utilisateurs de deux roues l’ont payé très cher ! Qu’on se le dise la sécurité n’à pas de prix…
Un look étudié
Les fabricants surfent en permanence sur une vague branchée couplée à la sécurité. Le look et l’élégance y sont favorisés hiver comme été. Une discrétion orientée tendance, alliée à la technologie, habille désormais le conducteur urbain, des pieds à la tête.
Discrétion également pour des protections de nouvelle génération en matière souple, qui verront « de ce fait » leur taille diminuer favorisant une allure citadine et bien coupée. Le textile est recommandé pour les petits trajets du quotidien. Ce type de blouson est équipé de nombreuses poches pratiques, qui facilitent la vie du motard des villes. Les tickets de parkings souterrains y trouveront une place attitrée…
En ville, attention à ne pas sous-estimer les risques !
Rien de tel, pour se jouer des embouteillages des heures de pointe, que de se déplacer en deux roues en ville ou sur le périphérique. Mais le milieu urbain devient vite une jungle pour leurs conducteurs en générant paradoxalement du stress.
- La vitesse limitée à 50km/h incite à oublier certaines règles de sécurité, et le blouson moto reste au vestiaire. Car une chute est du coup supposée présenter moins de gravité. C’est oublier la violence, même à cette vitesse-là, d’une chute à moto ou à scooter.
- Le mobilier urbain amplifie les causes et les conséquences des accidents.
- La densité de la circulation est proportionnelle au risque de ces derniers.
Les trois mots d’ordre en conduite urbaine sont : anticipation, observation et concentration.
Car on a beau tout prévoir, on reste surpris et souvent impuissant lorsque l’imprévisible se produit. L’analyse permanente du trafic environnant est primordiale. Le conducteur deux roues doit sans cesse scanner et analyser son environnement.
Cela permettra de :
- Appréhender si un véhicule va tourner ou subitement changer de file, surtout s’il roule au ralenti. Ce type de comportement doit générer une grande méfiance, car bien souvent le conducteur cherche son chemin ou une place de parking. Il fait alors abstraction des autres usagers de la route.
- Prévenir le franchissement du feu au rouge par un automobiliste distrait, irrespectueux ou inconscient.
- De maintenir la bonne attitude à adopter dans le trafic environnant « en étant vigilant ». En adoptant la rotation de la tête du hibou, à 270°, vous élargissez votre champs de vision. Des rétroviseurs bien réglés est également essentiel.
- Se placer à temps sur la bande qui invite à bifurquer, si telle est l’intention.
- Surveiller ses arrières, même à l’arrêt.
- Voir de loin le piéton, si lui n’a rien vu et surtout s’il est masqué par un véhicule. Le conducteur du deux roues doit donc se tenir droit, avec le regard placé haut et qui porte loin.
- D’anticiper les réactions des cyclistes se jouant bien souvent des règles de circulation.
- De ne pas laisser l’habitude tuer la vigilance.
Se protéger contre les intempéries et les chutes
Les premières peuvent être à l’origine des secondes. Une mauvaise protection contre les intempéries entraîne forcément un inconfort, qui peut se révéler dangereux pour le pilote.
Les chutes
En ville, la chute est censée se produire à vitesse modérée. S’il n’en demeure pas moins dommageable, le choc et la violence associée primeront sur la glissade. L’équipement reste donc vital !
Le blouson ou la veste
Le vêtement de protection individuel (EPI) doit être une seconde peau pour son propriétaire et recouvrir la partie haute du corps, même une fois penché sur la bécane.
Le choix de la matière est important, car elle nécessite en ville d’être spécialement résistante à l’abrasion et aux déchirures « en cas de chute » mème à faible allure. Un équipement sécuritaire, avec dorsale et protections aux épaules et aux coudes est indispensable.
Le cuir reste le nec plus ultra ! Épais et roi en matière de résistance, il réduit les risques de blessures lors d’un accident. Reste en ville à gérer sa lourdeur (poids et chaleur) lors d’arrêts répétitifs.
Le pantalon
Son épaisseur et sa composition sont également des critères cruciaux afin de limiter les blessures sur la partie inférieure du corps. Des protections amovibles, homologuées et ergonomiques intégrées dans les zones genoux et hanches sont un atout supplémentaire. ¨Par exemple : le jeans spécial moto permet d’adopter un look sportwear, tout en permettant style et confort. Idéal pour rouler en ville, car souvent fabriqué, doublé et renforcé avec du kevlar et conçu pour résister à l’abrasion.
En cas d’averse : le port d’un sur-pantalon, à porter par dessus un pantalon est aussi à envisageable.
Il facilite ainsi les allées et venues. Mais est-il besoin de le souligner ? La vedette reste le cuir que rien n’égale, avec ses renforts aux hanches et aux genoux et avec un degré de sécurité premium, comparativement aux différentes matières disponibles sur le marché du vêtement motard.
Les bottes
Un pilote de deux roues ne peut se permettre de prendre ce risque. À la moindre chute la cheville trinque.Utilisez des bottes motantes. La matière recommandée est une fois de plus le cuir. À noter : il faut penser à ce que l’épaisseur permette de conserver une souplesse suffisante. En effet les changements de rapport doivent être aisément réalisés.
Les intempéries
La mauvaise saison oblige à prendre quelques mesures pour continuer à rouler dans de bonnes conditions.
Plus simple en ville
Il est essentiel de maintenir une sensation de chaleur au guidon de sa machine.
Les solutions sont plus simples pour la ville ( moins d’exposition prolongée que sur route ).
La technicité fait des merveilles avec des sous-vêtements aux fibres actives, gilets chauffants, blousons hyper doublés, doublures thermiques, etc.
Contre le froid de la tête aux pieds
Comment s’équiper sans ressembler à un bibendum sur roues ?
La tête et le visage sont très exposés. Le cou constitue le pont thermique de la structure corporelle. La chaleur s’échappe par là. La liste des protections recommandées est longue.
- Le casque : il doit être intégral de préférence, posséder une bonne ventilation en couvrant bien le menton et ne pas être trop aéré. Y seront associés une bavette anti-remous, un cache-nez, un écran anti-buée et une bonne aération frontale. Penser au système d’ajustement morphologique et au stop vent.
- Le tour de cou : il protège du vent et élimine les courants d’air. Penser aussi à la cagoule, au plastron, au masque.
- La bulle et le saute-vent : ils contribuent à protéger la tête.
Les mains sont en première ligne.
- Les gants luttent efficacement contre le froid tout en protégeant des risques de blessures.
- Des équipements supplémentaires comme, les poignées chauffantes, manchons, pare-mains, pare-brise, etc.
Pour le buste, la protection faite par le blouson et la veste est perfectible.
- Ne pas hésiter à les choisir avec une ou plusieurs doublures, thermiques et/ou étanches.
- Fermer la porte au froid avec des rabats sur les systèmes de fermeture éclair.
- Faire de même avec des serrages au cou, aux poignets et aux hanches.
- La doublure doit bien couvrir les bras, avec un serrage élastique aux poignets.
- Du simple sous-pull au vêtement technique, en passant par les gilets chauffants et les petites chaufferettes, même en ville, tout est bon pour se protéger efficacement.
- Des sous-vêtements chauds et coupe-vents complèteront la panoplie. Les choisir respirants, cela évitera les sueurs froides.
- Le bon vieux journal à plaquer sur la poitrine peut faire office de système D.
Pour les jambes, le pantalon moto en hiver doit être imperméable à l’air et maintenir ou permettre le réchauffement du bas du corps.
- La doublure interne thermique maintient la chaleur.
- Privilégier la forme fuseau au bas des jambes, qui restera bien en place avec un élastique.
- Ajuster la taille à l’aide d’un bon serrage, pour éviter toute entrée d’air.
A moto surtout, les extrémités trinquent. Quelques précautions éviteront de se retrouver avec des pieds gelés, insensibles et engourdis.
- Adopter des semelles thermiques et/ou des chaussettes isolantes
- Des bottes coupe-vent sont à enfiler sur les bottes.
- Des semelles chauffantes ou chaufferettes maintiennent les pieds au chaud.
A noter : il existe toute une gamme d’équipements chauffants pour parer aux inconvénients de la mauvaise saison.
Les vêtements de pluie
Quelques scooters ont trouvé la parade : ils ont un toit ! Mais les motards sont à la merci de la moindre goutte tombant des cieux. Leurs besoins diffèrent selon les habitudes. Comment parer l’ennemie jurée de cette population roulante des centre-villes et périphéries ?
La combinaison reste de mise mais à moins de subir continuellement le crachin breton, la meilleure solution est l’adoption de la veste et du pantalon de pluie en ville. De petits trajets sous des averses courtes et/ou longues présentent l’avantage d’opter soit pour le haut, soit pour le bas ou soit pour les deux ensemble, selon les circonstances.
Les matériaux
Ils sont à prendre en considération pour un résultat optimum.
- Le nylon : il est léger, souple, complètement imperméable, bon marché et se range facilement. Oui mais il est fragile et souffre des manipulations en force et/ou en urgence.
- Les fibres synthétiques sont plus résistantes mais plus chères et leur encombrement est supérieur. L’équipement est moins facilement transportable en cas de choix d’une surprotection
- Le mélange des deux matières reste le top, avec des coutures thermosoudées de qualité pour une imperméabilité maximale.
Le confort et la protection
Que ce soit combinaison ou ensemble veste pantalon, la hauteur du col doit prévenir de toute infiltration d’eau. Penser au rabat externe sur le zip, toujours pour l’étanchéité. D’autres détails ont leur importance :
- la sangle élastique au bas de la combinaison ou du pantalon se cale sous la semelle.
- le maintien des manches sur les gants évitera le ruissellement à l’intérieur.
- les bandes réfléchissantes permettent d’être vu en cas de manque de visibilité dû à la pluie.
- la housse : pratique, elle contiendra les tenues de pluie portées par dessus le vêtement moto.
Les autres accessoires
- Penser au tour de cou étanche et éventuellement à la cagoule en soie.
- Même en ville et selon l’intensité de la pluie, penser aux sur-bottes étanches. Penser aussi aux sur-gants étanches, surtout sur des gants en cuir.
Les chiffres : accidentologie
En 2017, 56 motards ou scootéristes supplémentaires sont décédés par rapport à 2016. Le total des décès était de 699, soit 9 % d’augmentation. Elle concerne essentiellement les jeunes. Mais la mortalité frappe surtout la classe d’âge des 25/34 ans, qui compte 161 tués.
L’Ile de France arrive troisième position de ce bilan sinistre avec 31 % de la mortalité motarde. Devant elle on retrouve le sud de la France ( 35 % en PACA et 33 % en Corse ).
Sur sept situations à risque répertoriées pour les motards, quatre se déroulent en milieu urbain. 1/3 des accidents mortels en moto se produisent à une intersection.
À Paris comme dans les grandes concentrations urbaines, tout motard ou utilisateur de scooter gros cube se doit d’être un chasseur de réactions, perpétuellement à l’affût. Mais comme il devient aussi la cible de comportements dangereux pour sa propre survie, il lui faut aussi redoubler de prudence par la même occasion.