Les motards tenus de porter un équipement homologué CE dès janvier 2018 !
Motards, soyez rassurés, le gouvernement vous laisse encore libre de choisir le modèle de votre deux roues, mais votre équipement, lui, devra être estampillé CE. Contrôles et contraventions débuteront dès le 1er janvier 2018.
Sommaire
La sécurité routière au cœur des préoccupations du gouvernement
Après avoir fait de la lutte contre les comportements dangereux et des excès de vitesse son cheval de bataille, l’État se penche maintenant sur les équipements de sécurité. Même si la catégorie des véhicules à 2 roues tire plutôt bien son épingle du jeu avec un nombre annuel de décès relativement stable, le motard se trouve aujourd’hui dans le collimateur du ministère de l’Intérieur. Les usagers vulnérables, entendez par là les piétons, les cyclistes et les motards représentent à eux seuls 40 % des tués sur la route, un chiffre en comparaison avec leur faible représentation qui parle de lui-même. Dès le 1er janvier 2018, tous les conducteurs de deux, trois ou quatre roues motorisés, devront porter un EPI répondant obligatoirement aux normes européennes. Après le port des gants requis, inscrit dans le décret n° 2016-1232 du 19 septembre 2016, le port du pantalon et du blouson Made in CE devient une obligation légale. Se pose alors la question des libertés individuelles et jusqu’où va aller l’encadrement du conducteur des deux roues.
Les accros de vitesse sont déjà de plus en plus nombreux à privilégier les circuits, dernier endroit où ils peuvent s’adonner à leur passion sans risque de contrôles. Un choix engendré par la constante augmentation du nombre de radars sur le territoire français.
Était-il donc nécessaire de durcir le règlement sur les équipements de protection individuels pour le motard ?
Blouson et pantalon obligatoire dès le 50 cm³
Il semble que oui, car 70 % des victimes d’un accident grave de la route sont des motards. À quoi il faut ajouter les blessures de moindre importance dues aux chocs provoqués par une chute ou une glissade. Brûlures, entorses, fractures, la plupart de ces lésions pourrait être limitées, voire évitée avec le port d’un équipement adéquat. Si la plupart d’entre nous sont d’accord sur le fait que l’EPI est utile, doit-on pour autant intervenir dans le choix de celui-ci ?
Un contrôle renforcé des EPI dès le 1er janvier
Vous vous demandez certainement comment vont se dérouler les contrôles et c’est bien légitime. Sachez que vous pouvez faire l’objet d’un contrôle à tout moment dès lors que votre engin est sur la voie publique. Il sera de votre devoir de prouver que votre équipement et celui de votre passager respecte les normes CE. Pour cela, différents moyens sont à votre disposition comme :
• la présentation des étiquettes de votre blouson et de votre pantalon
• la présentation des notices descriptives comportant les informations liées à la sécurité et aux normes CE fournies lors de l’achat
• le téléchargement immédiat d’une fiche produit complète de votre équipement
• la présentation d’un « inventaire d’EPI », un document que vous devrez faire établir dans un commissariat sur présentation de votre équipement
En cas d’incapacité à prouver la conformité de votre équipement, ou en cas de gêne – on pense notamment aux motardes ou aux passagères – le conducteur et son passager peuvent se rendre l’agent au commissariat pour une vérification à l’abri des regards indiscrets. L’agent est en droit de verbaliser tout motard qui refuserait le contrôle. Les autres devront s’assurer que leurs étiquettes soient lisibles et que le logo CE y figure bien. Toutes les personnes refusant de se soumettre aux vérifications d’usage recevront un premier avertissement avant d’être verbalisé à hauteur de 90 € et d’un retrait de 2 points sur leur permis de conduire. En cas de récidive, l’immobilisation de la moto sera ordonnée.
Les normes appliquées aux équipements de protection des motards
Rares sont les motards capables de faire la différence entre le niveau de protection de deux pièces d’équipements. Pour beaucoup d’entre eux, le style aurait tendance à primer sur la sécurité. C’est donc là que devient utile la norme CE. Les normes européennes sur les EPI ont été conçues pour que les fabricants d’équipements proposent des pièces solides et protectrices dans le cadre de l’utilisation pour laquelle elles sont créées. Basée sur la directive 89-686, la fabrication d’EPI doit répondre à une nomenclature bien précise. Ceux destinés aux conducteurs de deux-roues de plus de 50 cm³, sont issus de la catégorie 2. Les différentes pièces de l’équipement, à l’exception du casque, qui ne rentre pas dans cette règlementation, sont soumises à des tests. Elles devront résister aux impacts, à l’abrasion, à la perforation, à l’éclatement et au déchirement. D’autres tests secondaires, qui ne concernent pas directement la sécurité du motard sont également réalisés. Selon les zones d’impact, le blouson et le pantalon sont capables de résister un certain nombre de secondes à l’abrasion, 4 secondes pour une vitesse moyenne sous les 50 km/h, 7 secondes, soit l’équivalent d’une chute à 110 km/h pour les véhicules plus puissants. Les zones d’impacts notamment, les épaules, les coudes, les hanches et les genoux sont également renforcées, et doivent être protégées par une coque homologuée respectant la norme 1621-1.
Pour ou contre le contrôle des EPI à moto ?
Il est sûr que ce sujet divise et va faire parler de lui dans le milieu. Si l’obligation de porter un équipement complet ne peut qu’être bénéfique pour la sécurité, le contrôle de son origine porte à questionnement. Certains parlent déjà d’une mise à l’écart d’une population qui se verrait privée de circuler à moto faute d’un équipement aux normes. D’autres se questionnent sur l’intérêt réel pour les 50 cm³ d’un tel niveau de sécurité. Dans tous les cas, dès le 1er janvier 2018, rouler en jeans ne sera plus permis, une liberté de plus retirée aux pilotes. Il ne reste plus qu’à sensibiliser encore un peu plus les conducteurs à la présence des deux roues sur les routes, car c’est sur ce terrain que se joue véritablement la sécurité des motards.