Méthode de traitement des peaux respectueuse de l’environnement, le tannage bio s’est fait une place de choix dans l’industrie du cuir. Écologique, il confère également à la matière un aspect brut et authentique. Et fait du cuir végétal une matière incontournable.
Est-il possible d’allier cuir et écologie ? Utilisation de métaux comme les sels de chrome, déchets toxiques et rejet des eaux usées dans la nature … L’industrie du cuir pâtit de sérieux a priori quant à son impact environnemental. Pourtant, des alternatives vertes existent et s’imposent progressivement chez les créateurs. Parmi elles, le tannage végétal. L’idée ? Remplacer les produits chimiques nécessaires au traitement des peaux par des substances astringentes naturelles. Ces tannins protègent les plantes des parasites. Lorsqu’il est végétal, le tannage met ainsi à l’honneur des essences extraits des écorces, des feuilles ou de la racine de certains végétaux.
Retour aux sources
En bref, le tannage végétal, c’est avant tout un retour aux sources. Dès l’antiquité, les Égyptiens, les Romains, les Chinois, et plusieurs peuples celtes savaient qu’il fallait plonger les peaux dans un produit astringent afin de les préserver de la putréfaction. Étape primordiale pour conserver la matière, le tannage est, chez les Gaulois, réalisé à partir d’écorce de chêne, broyée et réduite en poudre, puis mélangée avec de l’eau. Mais selon les régions du monde et les époques, le sapin, la noix de galle, l’écorce de châtaignier, le mimosa ou encore le bouleau étaient utilisés par les artisans spécialistes du cuir.
À l’arrivée, 80 % des matières végétales issues du tannage restent dans le produit fini. Les 20 % de résidus sont biodégradables. Même chose pour les eaux usées, qui ne sont pas polluées par les produits chimiques. Dernier avantage : adieu les risques d’allergie. Le hic ? Cette méthode écolo est plus longue à réaliser et plus complexe qu’un tannage chimique, impactant de fait les rythmes de production. Parce qu’elle donne des pièces plus résistantes et plus imperméables, elle était jusqu’ici réservée aux vêtements de protection, aux accessoires d’équitation, de chasse et aux objets moulés.
Un marché en plein essor
Qu’importe. Les créateurs ont fini par s’en emparer et proposent depuis quelques années des pièces en cuir issu d’un tannage végétal. Parmi les précurseurs français, la marque implantée dans le milieu du commerce équitable, Véja, qui a imaginé en juillet 2009 deux sacs en cuir fabriqués à partir d’extraits d’acacia, les modèles « Projet Numéro 2 ». Autre créateur phare de ce mouvement, Jérôme Dreyfus, mari d’Isabelle Marant, a proposé des sacs en cuir tannés écologiquement.
Longtemps cantonné à une niche, le cuir végétal s’invite désormais dans les rayons des magasins de prêt-à-porter. Parti pris symptomatique de cette tendance, la marque suédoise et grand public H&M a intégré des pièces écolo dans sa collection « Conscious Exclusive » du printemps 2014. Le géant de la mode proclame sur son site internet n’utiliser que du cuir écolo, provenant de bêtes nourries et soignées à la mode bio. Les peaux sont également tracées du début de la production jusqu’à la réception du produit fini.
Matière authentique
Acteur de cette petite révolution, Welza commercialise depuis novembre 2016 une sélection de pièces respectueuses de l’environnement et dans l’air du temps. Pour les femmes, le modèle Milano est fabriqué avec de la peau d’agneau tannée végétalement. Avec sa capuche et sa coupe ajustée, cette doudoune écolo vous permettra de vous distinguer en toute occasion. Messieurs, vous n’êtes pas en reste : la marque Zolki commercialise également les modèles Concorde et Bastille. En noir ou en vert grisé, ce blouson deviendra vite votre seconde peau bio !
Cerise sur le gâteau, le tannage végétal donne à la matière un aspect moins homogène et plus authentique. Un atout esthétique qui correspond sans conteste aux tendances vintage et brutes, très en vogue ces dernières années. Alors certes, on peut crier au greenwashing ou affirmer que l’utilisation d’un tannage écologique ne rendra pas l’industrie de la mode 100 % propre. Mais ces avantages en font l’une des réponses aux impératifs écologiques qui se posent aux spécialistes du secteur. Et fera surement du végétal une tendance prometteuse pour l’avenir du cuir.